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Revue de presse

L’Esprit Public avec Thierry Pech : Algérie : Histoire d’un gâchis / L’heure de vérité // Macron, Superman de l’Europe ?

Thierry Pech était l’invité de l’"Esprit Public" d’Emilie Aubry sur France Culture le 11 mars sur l’actualité de la semaine : les manifestations en Algérie dès le 22 février contestant la décision d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat, et la tribune d’Emmanuel Macron appelant à sauver l’Europe publiée dans les journaux de 28 pays de l’Union à trois mois des élections européennes.
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Première partie : Algérie : Histoire d’un gâchis / L’heure de vérité 

Algérie, heure de vérité. Depuis le 22 février, le peuple, dans la rue, tous âges, toutes classes sociales confondues, contestant la décision d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5 e mandat. Mouvement d’espoirs mais aussi mouvement tellement raisonnable, avec ces images incroyables vues de France de manifestants veillant à remettre en bon état la voie publique après les cortèges. Dire non à Bouteflika. Mais ne pas renverser la table. Traumatisme du passé. Les Algériens ayant parfaitement intériorisé un certain nombre de périls.

« Sauver ce qu’il reste à sauver », écrivait cette semaine l’écrivain algérien Yasmina Khadra dans l’Obs, « éviter les courants opportunistes de ceux qui vont vouloir les récupérer, les Islamistes en particulier, islamistes servant aussi d’épée de Damoclès brandie par le régime pour faire peur à la nation ».

Algérie, heure de vérité :  et ce corps-à-corps si bien décrit par un autre écrivain algérien, dans Le Point, Kamel Daoud, racontant, d’un coté le corps de Bouteflika, immobile, incarnation d’une génération qui ne veut pas mourir, n’accepte pas la transition et de l’autre le corps du manifestant, joyeux, riant, chantant, en mouvement.

Algérie, histoire d’un gâchis : d’abord la décolonisation sanglante, puis la guerre algéro algérienne et puis « l’état FLN » imposant un monde façonné par les agents d’influence de l’URSS quand le KGB débarquait en force en Algérie après l’indépendance, et puis Les années 90, autres violences, extrêmes, pour éradiquer ces partis islamistes qui avaient attiré vers eux une multitude de jeunes condamnés au chômage et à la désespérance. Enfin tous ces présidents et derrière eux cette nomenklatura de généraux, services secrets et hommes d’affaires-oligarques tirant les ficelles d’un pouvoir opaque.

Algérie, histoire d’un gâchis, au pays du gaz et du pétrole, au pays des littoraux somptueux de Méditerranée qui ne s’ouvraient pas au tourisme, Algériens se réveillant enfin pour poser la question : Qu’avons-nous fait de plus d’un demi siècle d’indépendance ?

Macron, Superman de l’Europe ?

La tribune d’Emmanuel Macron avait été publiée mardi dernier dans les journaux de 28 pays de l’Union européenne. Très ambitieuse opération de communication transfrontières, visant à s’adresser directement aux citoyens européens (toujours le trait macronien du face à face avec le peuple), à moins de 3 mois des élections. On y trouvait enfin LE programme de LREM pour la campagne qui tardait à démarrer : Remettre à plat l’espace Shengen, mettre en place une police des frontières communes, poser le principe d’une solidarité européenne en matière d’asile à laquelle chaque pays devait contribuer. Instaurer un conseil de sécurité européen, avec la Grande Bretagne même après le Brexit. Instituer une préférence européenne en matière commerciale. Une supervision européenne des GAFA. Créer une agence européenne des démocraties avec interdiction notamment que des puissances étrangères participent au financement de partis politiques nationaux. Une Europe sur la défensive, une Europe de la sécurité et de la protection disait-on, qui pour certains n’avait plus grand-chose à voir avec le projet européen du président tel que formulé lors du discours de la Sorbonne de septembre 2017.

Ce nouveau projet européen du président de la république avait amené le président des Républicains Laurent Wauquiez à formuler lui-même quelques jours plus tard, par tribune interposée, SA vision de l’Europe. Tandis que sa tête de liste, François-Xavier Bellamy précisait lui aussi ce matin dans le JDD une opposition de principes avec le chef de l’état, refusant par exemple  la remise à plat de Shengen et réclamant une double protection des frontières, européenne mais aussi, toujours, à l’échelon national, en clair ne pas transférer notre souveraineté à un échelon européen. L’ensemble du programme des Républicains devant être présenté le 16 mars prochain.

Le débat d’idées s’amorçait donc, enfin. Emmanuel Macron lui, tentait de reprendre la main sur cet enjeu européen dont il avait fait un élément central de sa campagne présidentielle et de son quinquennat. Mais Emmanuel Macron avait-il encore les moyens de jouer les Super Man de l’Europe ? Avec qui et avec quels super pouvoirs ?

Références / Conseils de lecture et films

  • Les bienheureux, film de Sofia Djama, 2017
  • En attendant les hirondelles,  film de Karim Moussaoui, 2017
  • Nicole Gnesotto, L’Europe indispensable,  CNRS éditions
  • Dominique Reynié, _L’opinion européenne en 2018, L_a Fondation pour l’innovation politique
  • Régis Debray, L’Europe fantôme,  Gallimard
  • Gérard Courtois, La Fin d’un monde. Chroniques politiques,  Tempus
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