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Note

Palestine : retours sur le processus de paix à la veille de l’assemblée générale de l’ONU

Le processus de paix israélo-palestinien est au cœur de l’actualité internationale. Mahmoud Abbas doit déposer en fin de semaine une demande de reconnaissance de l’Etat palestinien à l’ONU. À cette occasion, Paul Norden nous livre un état des lieux des négociations, en revenant sur les causes du blocage actuel du processus de paix. Si la « solution des deux Etats » est reconnue par les deux parties, ainsi que par la communauté internationale, chaque camp a été amené à conditionner le dialogue par des exigences contradictoires. Les questions de la colonisation, des garanties de sécurité, de la reconnaissance de l’Etat juif, des suites de l’accord entre le Fatah et le Hamas sont autant d’obstacles à la reprise des négociations. Or c’est à l’aune de ses conséquences sur le processus de paix lui-même que la démarche de M. Abbas devra être appréciée, en rendant possible deux logiques : l’aggravation de la situation et la levée de nouveaux obstacles, ou un signal fort lancé en faveur d’un Etat de Palestine stable et pacifique.
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Synthèse

La décision de M. Abbas de présenter les jours prochains à l’ONU un projet de Résolution du Conseil de sécurité, appelant à la reconnaissance de l’Etat de Palestine et à son admission à l’ONU comme Etat membre à part entière, provoque aujourd’hui un regain de tension avec les autorités d’Israël, qui condamnent une initiative unilatérale prise en dehors du processus de paix. Une intense activité diplomatique se déploie à New York pour déminer une confrontation qui embarrasse Washington, déterminé à opposer son veto, comme les européens, qui, s’ils ont été les premiers à soutenir la perspective de la création d’un Etat palestinien dans le cadre d’une paix négociée garantissant rigoureusement la sécurité d’Israël, et à financer les territoires, n’ont pas tous la même sensibilité sur l’opportunité de reconnaître la Palestine dans le contexte actuel.    Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut revenir sur les causes du blocage actuel du processus de paix. Les deux parties, comme la communauté internationale, sont unanimes sur la « solution des deux Etats », endossée par B. Netanyahou lui-même en 2009. Le président Obama, il y a un an à l’ONU, avait souhaité l’avènement de la Palestine pour cette année. Les paramètres de la négociation finale, dont les frontières de 1967 avec échanges de territoires, font déjà l’objet de termes de référence acquis lors de négociations antérieures. L’Autorité palestinienne (AP), grâce à l’aide décidée à la Conférence de Paris en 2007, a pu développer des structures de caractère étatique.   On avait dans ces développements de quoi jeter les bases d’un accord de paix. Une fois de plus, la discorde aura été alimentée par de nouveaux développements, donnant prétexte à chaque camp pour conditionner le dialogue par des exigences contradictoires. Les négociations directes sont interrompues depuis un an, suite au refus israélien de prolonger le moratoire sur les colonisations, qui se sont poursuivies ; les événements à Gaza, les attaques menées de ce territoire, les effets du blocus, ont accru la tension ; la réconciliation interpalestinienne n’a pas atténué les alarmes d’Israël face au Hamas ; les pétitions de principe des uns et des autres, sur le droit au retour, sur la reconnaissance de l’Etat juif, sur Jérusalem Est, sur les frontières de 1967, ou sur les forces à maintenir dans la vallée du Jourdain, auront servi de prétexte à retarder la négociation possible de compromis finaux équilibrés. Obama aura essayé sans succès de convaincre les Israéliens de faire des gestes favorisant la reprise du dialogue.   M. Abbas a voulu reprendre personnellement l’initiative, en recourant à l’ONU. Quelle que soit l’issue de sa démarche, elle devra être appréciée à l’aune de ses conséquences pour le processus de paix lui-même, un règlement durable relevant de la responsabilité des deux parties. Deux logiques sont possibles. Ou bien l’on constate que tout cela, au mieux ne changera pas les réalités du terrain, et au pire, envenimera la situation au point d’engendrer de nouveaux obstacles à la paix et d’affaiblir encore la capacité de médiation des grandes puissances. Ou bien l’on considère qu’on a là l’occasion d’adresser un signal fort : le statu quon’est plus tolérable, au moment où le printemps arabe vient d’ouvrir la porte à plus de démocratie dans la région, où la frustration des Palestiniens atteint ses limites, et où Israël doit comprendre que son avenir et sa sécurité, dans cette nouvelle donne internationale, seraient mieux assurés aux côtés d’un Etat de Palestine stable et pacifique, que dans l’explosive cohabitation actuelle.   On peut espérer que de New York résulte une prise de conscience : l’urgence pour toutes les parties de remettre les négociations sur les rails, et pour l’Europe, celle de se donner les moyens, en paroles et en actes, d’être demain une des marraines de la paix.  

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