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Note

« Wii, The People » : partis, mouvements et infrastructures politiques dans la campagne de 2012

Quelles leçons les partis progressistes européens peuvent-ils tirer de la réélection de Barack Obama le 6 novembre dernier ?

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Si la victoire de 2008 fut celle des nouvelles techniques de communication mises au service de la structure militante et d’un mouvement en faveur du changement, celle de 2012 signe l’avènement d’une nouvelle vague d’innovation politique, où les actions de terrain, lancées sur internet, jouent un rôle essentiel, en faisant participer les citoyens à la vie politique, soutenues par une infrastructure capable de nourrir le débat d’idées. Dans cette note, Matt Browne, Senior Fellow au Center for American Progress, retrace la genèse de la seconde victoire d’Obama, et identifie les facteurs clés du renouveau de la politique progressiste aux Etats-Unis.

La victoire d’Obama en 2008 avait révélé le rôle clé joué par les nouveaux médias, la communication sur internet et les réseaux sociaux dans la campagne électorale. Celle de 2012, emportée à l’issue d’un mandat difficile, recèle sous beaucoup d’aspects des leçons bien plus intéressantes encore pour les militants européens.

Cette victoire est l’aboutissement de changements profonds initiés au sein du parti démocrate américain aux lendemains de la défaite de 2004 : contrairement aux conservateurs, les démocrates n’avaient pas su développer une infrastructure apte à générer de nouvelles idées, à influencer l’opinion, à former les militants, à mobiliser les électeurs.

Sous la présidence d’Howard Dean, le parti démocrate se réorganisa radicalement, en permettant la percée des nouvelles techniques de communication et l’arrivée de nouveaux talents. Dans le cadre d’une « stratégie pour 50 Etats », une structure militante et organisationnelle fut installée dans chacun d’entre eux, un fichier électoral national fut mis au point, ainsi que des outils en ligne et des programmes de formation communs. Le parti joua également le rôle de plateforme de soutien à l’innovation dans les nouvelles technologies de la communication et de l’information.

Ces investissements jouèrent un rôle décisif dans la campagne de 2008, en mettant au service d’une stratégie de campagne somme toute traditionnelle, fondée sur le message politique et l’organisation, des outils extrêmement modernes et efficaces : en 2008, le jour de l’élection, 50 % de l’électorat total avait été approché individuellement, en « face à face », par les militants démocrates, quand les républicains n’avaient touché qu’un quart de leurs sympathisants.

La campagne de 2012 s’appuya sur les mêmes outils, perfectionnés, et sur un réseau dense et complet de bureaux locaux. Les militants furent encouragés à choisir la manière de militer qui leur convenait le mieux, à organiser leurs propres réunions et événements. Les données statistiques, recueillies dans une banque de données modélisant le comportement du votant et permettant ainsi d’affiner la manière de communiquer avec lui, jouèrent un rôle essentiel dans la campagne. Dans tous les cas, la conduite de la campagne obéit à trois principes clés : relai sur le terrain des initiatives prises sur Internet, autonomie et soutien des militants, technologies mises au service de la stratégie de campagne, et non de sa définition.

Après une première vague de professionnalisation de la politique, dans les dernières décennies du XXe siècle, qui vit l’avènement des sondages et des techniques publicitaires, l’ensemble des changements initiés depuis 2004 révèlent une deuxième vague d’innovation en cours, fondée sur l’ouverture, la participation des citoyens, des infrastructures permettant le développement d’idées nouvelles : une nouvelle approche de la politique, où les technologies jouent un rôle essentiel de soutien, mais ne suffisent pas à elles seules à initier le changement. Pour les partis progressistes d’Europe, il ne s’agira donc pas de se contenter de greffer les innovations techniques à leur fonctionnement politique actuel, mais également de pouvoir adapter leur organisation aux aspirations de la nouvelle génération, et travailler avec ceux qui partagent leurs valeurs et leurs objectifs.

La note est également disponible au format PDF en anglais.

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