Quelles utopies pour la démocratie ? La revue de presse des idées de France Culture


Comment renouveler le dialogue et rendre compte de la parole citoyenne en démocratie, c’est justement l’objet d’une controverse hébergée depuis plusieurs semaines par la revue numérique Telos et le groupe de réflexion Terra Nova…
Absolument, 4 tribunes publiées à trois semaines d’écarts dont deux d’entre elles cette semaine. Chacune répond à la précédente. Un bon exemple d’horizon souhaitable, en tout cas en termes de qualité du débat public. Au départ de cette réflexion où dialoguent le politologue Gérard Grunberg, la sociologue Dominique Schnapper et l’essayiste Thierry Pech lui aussi collaborateur de l’Esprit Public, se trouve l’expérimentation politique représentée par la convention citoyenne pour le climat dont Thierry Pech justement a co-présidé le comité de gouvernance et dont il a publié un compte rendu qui soulève plusieurs questions :
Quelles valeurs donner aux conclusions de la Convention ? Doivent-elles être seulement consultatives ? Doivent-elles au contraire être décisionnelles, ou pour reprendre les mots de Thierry Pech, doivent-elles faire figure d’instance pré-législative ? En d’autres termes, faut-il penser et faire exister un Parlement des citoyens pour palier aux défauts de notre démocratie représentative ?
Pour Dominique Schnapper, vouloir organiser un Parlement des citoyens relève de la démocratie extrême. Si elle concède « l’intérêt de créer un nouvel un espace public, un lieu de la discussion démocratique », se pose pour elle la question de sa légitimité et de sa relation avec les institutions de la République représentative. Un Parlement des citoyens ne saurait être autre que consultatif, estime l’ancienne membre du Conseil constitutionnel.
Au contraire, réaffirme Thierry Pech, « la mobilisation démocratique passe par l’importance donné au travail des participants ». Ne faire des conventions que des instances consultatives ne revient pour l’essayiste qu’a faire la moitié du chemin de l’expérience politique participative. Il faut donc pour Thierry Pech donner une fonction pré-législative à ces conventions. Et le directeur de Terra nova propose des modalités pour articuler la relation entre ce Parlement des citoyens et les pouvoirs exécutifs et législatifs existants.
De son côté Gerard Grunberg s’inquiète des dérives que pourraient comporter de telles expérimentations : « Cela rappelle, la période jacobine, quand les sans-culottes pénétraient dans l’Assemblée, l’incitant fortement à faire « de bonnes lois » estime le politologue qui trouve risquée cette démocratie de l’interaction.
Reste que tous s’accordent sur deux points : d’abord la crise réelle de la représentation et des moyens d’y répondre, et enfin le besoin, précieux, de continuer à en débattre.
Par Mattéo Caranta