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Rapport

Angela Merkel, un portrait politique : beaucoup de petits pas et quelques volte-face

Après 16 années au pouvoir, Angela Merkel quittera la chancellerie quand les députés élus le 26 septembre prochain auront désigné le nouveau gouvernement de l’Allemagne. Ce départ annoncé a achevé de donner un statut à part à une chancelière, la doyenne des sommets internationaux, qui s’est imposée comme une figure majeure en Europe et à l’international. Mais, au-delà de son endurance et d’impressionnants niveaux de popularité, quel bilan peut-on faire de son action ? A-t-elle préparé son pays à l’avenir ? Quel héritage politique laisse-t-elle ? A travers quatre dossiers emblématiques qui dominent le bilan de ses quatre mandats – la politique de l’énergie, l’accueil des réfugiés, la gestion de la zone euro et les responsabilités internationales de l’Allemagne – mais aussi les relations franco-allemandes, Terra Nova analyse les « années Merkel » et dresse un portrait politique inédit d’une des dirigeantes les plus importantes du XXIe siècle.
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Après 16 années au pouvoir, Angela Merkel quittera la chancellerie quand les députés élus le 26 septembre prochain auront désigné le nouveau gouvernement de l’Allemagne. Ce départ annoncé a achevé de donner un statut à part à une chancelière, la doyenne des sommets internationaux, qui s’est imposée comme une figure majeure en Europe et à l’international. Mais, au-delà de son endurance et d’impressionnants niveaux de popularité, quel bilan peut-on faire de son action ? A-t-elle préparé son pays à l’avenir ? Quel héritage politique laisse-t-elle ? 
Le départ de la chancelière mérite d’être salué pour plusieurs raisons. D’abord, la longévité, dans une période où la vie politique semble dominée par le court terme, bousculée par l’instabilité et la « fatigue démocratique ». La crédibilité personnelle, ensuite, dans une période marquée par la défiance envers les gouvernants, où elle semble démentir à elle seule les pronostics sur l’« irrésistible » montée des populistes et des leaders autoritaires. La prudence et la sobriété, alors que beaucoup de ses interlocuteurs internationaux se livraient à des surenchères de provocation. Le sens des responsabilités, enfin, dont témoigne notamment sa décision, annoncée en 2018, de partir à la fin de son quatrième mandat, sans se lancer dans une ultime campagne électorale. 
Au cours des « années Merkel », les occasions de malentendus ont été nombreuses entre la France et l’Allemagne. D’un point de vue français, certaines décisions sont apparues prises sans concertation avec les partenaires européens (tournant énergétique, accueil des réfugiés) quand, dans d’autres cas, c’est plutôt le manque de réaction à des propositions françaises de plus grande intégration européenne qui sont restées, dans un premier temps, ou pendant de longues années, sans réponse (gestion de la zone euro, action extérieure commune). Ces moments d’incompréhension ont fragilisé l’axe Paris-Berlin et freiné l’élan européen. L’Allemagne de Merkel, quatrième puissance économique mondiale, a-t-elle été à la hauteur de ses responsabilités européennes et internationales ? 
Cette étude ne propose pas un portrait psychologique d’Angela Merkel. Celle-ci se livre peu et s’est entièrement absorbée dans son rôle. Son style de gouvernement offre peu de prise à l’anecdote. Elle s’est révélée particulièrement à l’aise dans son rôle institutionnel : sobre, efficace, pragmatique, consensuelle. Elle a fait preuve de prudence dans la gestion des graves crises qui ont ponctué la période. Si elle a souvent donné l’image de « Mme Non » par une forme d’intransigeance sur les dossiers européens, elle a aussi fait accepter à son pays des évolutions majeures, en bousculant en particulier le tabou de l’endettement commun européen. 
Quatre dossiers emblématiques dominent le bilan de ses quatre mandats : la politique de l’énergie, l’accueil des réfugiés, la gestion de la zone euro et les responsabilités internationales de l’Allemagne. Quelle est la marque personnelle de la chancelière sur ces dossiers ? Cela semble difficile à dire, tant elle semble d’abord avoir toujours en priorité choisi la défense des intérêts fondamentaux du pays dans une grande continuité avec ses prédécesseurs immédiats, sans vision affichée de l’avenir. L’Allemagne apparaît en manque de solutions sur des dossiers comme sa faiblesse démographique, (qui compromet son système de protection sociale), le besoin de modernisation de son administration, le manque d’investissement dans les infrastructures d’avenir. 
Ce qui frappe dans l’exercice du pouvoir d’Angela Merkel, c’est un apparent immobilisme sur des dossiers où elle est très attendue puis un art de l’exécution particulièrement rapide quand sa décision est prise. Ce système d’action a été plus d’une fois déroutant mais il construit des choix solides et, le plus souvent, partagés. Ce regard rétrospectif sur une longue pratique du pouvoir apparaît finalement comme l’occasion de rappeler les grands défis qui attendent l’Allemagne : une politique de l’énergie qui n’est pas encore dans la trajectoire attendue par les accords de Paris, un modèle d’intégration en forte tension, un engagement réaffirmé en faveur de l’Europe mais qui crée des tensions avec ses partenaires, une prise de responsabilité internationale encore incertaine et timide dans un contexte devenu plus instable.  

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