Elections 2017 : pourquoi l’opposition métropoles-périphéries n’est pas la clé
Les résultats électoraux récents ont souvent été lus à la lumière d’une opposition entre centres et périphéries. Selon cette théorie, la distance des électeurs au cœur des métropoles serait une variable explicative de leur choix : les publics métropolitains seraient dans une dynamique d’adhésion au « système », à la mondialisation et au paradigme de la « société ouverte », et ceux des périphéries, au contraire, dans une dynamique de rejet se traduisant par une propension à voter pour le Front national. Les résultats électoraux du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 invitent à réviser ces représentations. De leur examen, il ressort en effet que : 1) le vote en faveur d’Emmanuel Macron n’a pas de forte polarisation territoriale ; 2) le vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon n’est pas non plus fondamentalement clivé sur un axe centre vs périphérie ; 3) le critère géographique joue davantage dans les cas de François Fillon et de Marine Le Pen, mais n’y est pas plus déterminant que le sexe ou l’âge. Ces analyses ne conduisent pas à congédier la géographie mais à lui rendre sa complexité et à la remettre à sa juste place : non seulement notre système spatial ne se résume pas à une opposition centre vs périphérie, mais les critères territoriaux du vote doivent être réintégrés dans un ensemble de causalités où les facteurs économiques et sociaux, ainsi que les héritages politiques, jouent un rôle souvent tout aussi puissant. |