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Étude

L’émancipation de l’islam de France

Les auteurs de cette étude reviennent sur les modalités d’organisation des lieux de culte en France et plus particulièrement sur les liens entre l’Etat et les lieux de culte musulmans, en rappelant la manière dont les pouvoirs publics, d’abord indifférents, tentent depuis la fin des années 1990 d’organiser la représentation de l’islam sur le territoire français. Ces mêmes pouvoirs publics n’ont pas nécessairement compris la réalité de l’islam de France, les différentes confessions qui existent, les différentes nationalités qui le composent, en proposant un cadre très centralisé et trop homogène qui ne lui convient plus actuellement. Terra Nova plaide dans ce travail pour une organisation moins étatiste et centralisatrice que celle qui existe actuellement et adaptée à l’organisation des communautés de fidèles telle qu’elle fonctionne réellement à l’échelle locale, avec une meilleure collaboration avec des associations cultuelles rénovées. Le tout en restant fidèle à la loi sur la laïcité de 1905, qui garantit la liberté de conscience et qui doit rester neutre à l’égard de tous les cultes.

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La loi de 1905, comme on le sait, protège la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes, affirme la neutralité religieuse de l’Etat et interdit le financement public des cultes. On rappelle moins souvent qu’elle demande aussi aux communautés de fidèles de s’organiser pour célébrer leur culte et prendre en charge tous les aspects pratiques de l’exercice du culte dans le respect de l’ordre public défini par la loi. Elle définit pour cela un statut d’association cultuelle qui est trop peu utilisé aujourd’hui par les associations gestionnaires des lieux de culte musulmans. Elle prévoit, notamment, que les fidèles doivent subvenir eux-mêmes aux dépenses liées à leur culte.

Aucune de ces exigences ne constitue, en soi, une difficulté pour l’installation de l’islam en France. Au contraire, c’est le plus souvent en s’organisant eux-mêmes que les musulmans installés en France ont progressivement constitué des communautés de fidèles responsables de salles de prières puis de mosquées. Cet islam venu de l’expérience des travailleurs immigrés reste faiblement organisé et particulièrement divisé. Quand les pouvoirs publics français ont cherché, à partir de la fin des années 1990, un interlocuteur musulman, ils ont eu du mal à le trouver. Et ils ont créé un système de représentation donnant la part belle aux fédérations représentant en France les pays d’origine d’une partie des immigrés et descendants d’immigrés se reconnaissant dans le culte musulman. 

On en arrive aujourd’hui à un système peu satisfaisant : une opinion inquiète des dérives fondamentalistes, un Etat qui dialogue avec un interlocuteur à la légitimité faible, des fidèles qui ne se sentent pas représentés, des associations locales mal organisées . Comment pourrait-on faire mieux ?

Tout d’abord, la loi de 1905 ne fait aucune différence entre les cultes. Elle prévoit donc de traiter à égalité et avec une stricte neutralité tous les cultes. A cet égard, il reste des progrès à faire pour simplement traiter l’islam à égalité avec les autres cultes, en ce qui concerne les dispositions dont les pouvoirs publics sont responsables comme les aumôneries, les dispositions particulières en Alsace-Moselle ou le dialogue avec les autorités. Il faut ensuite que l’Etat change de logique et cesse de trop miser sur un interlocuteur unique investi d’attentes contradictoires. La logique centralisatrice ne permet pas de bien représenter la multiplicité des islams en France, elle donne trop de marge aux jeux d’influence des puissances étrangères. Il faut donc repartir de la réalité décentralisée et locale de l’islam, tout en poussant les associations gestionnaires des lieux de culte à se rénover en généralisant, conformément à la loi de 1905, l’organisation sous forme d’association cultuelle. A partir de ce mouvement de rénovation, on peut concevoir un autre système de représentation, qui privilégierait l’échelle locale et régionale pour régler l’essentiel des questions pratiques d’organisation du culte.

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