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Note

Pour un tourisme à impact positif

Paris doit envisager l’avenir du tourisme suivant quatre grands axes : maintenir une forte harmonie entre visiteurs et habitants, œuvrer en faveur d’un tourisme écologique et compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique, englober le Grand Paris dans sa stratégie touristique pour éviter les effets négatifs du surtourisme et, enfin, lutter contre la multiplication des grandes enseignes et boutiques de souvenirs, destinées uniquement aux touristes, implantées dans des quartiers emblématiques de la ville. Il faut aussi alléger la pression immobilière générée par les plateformes d’hébergement sur le logement des Parisiens, réguler la circulation des autocars de tourisme – totalement inadaptés au centre de la capitale – et, enfin, éviter le développement d’un tourisme de masse, sans intérêt ni pour les visiteurs, ni pour les Parisiens, ni pour Paris, qui y perd son identité et celle de ses quartiers. Ces réflexions sont essentielles afin d’éviter de subir les conséquences négatives du surtourisme Ville de l’Accord sur le climat et ville la plus visitée au monde, Paris a la responsabilité d’inventer ce tourisme à impact positif. C’est le sens des propositions de cette note soumises au débat public parisien de Jean-François Rial, PDG de « Voyageurs du Monde », et Jean-François Martins, adjoint au tourisme et aux Jeux Olympiques et Paralympiques de la Maire de Paris et porte-parole du mouvement « Paris en Commun ».
Publié le 

Pour un tourisme à impact positif

Le tourisme est une belle industrie. Il fait, à de nombreux égards, la fierté de Paris. Créateur d’emplois et d’investissements, ascenseur social pour de jeunes Franciliens et vecteur d’influence culturelle pour Paris et pour la France, il structure depuis plus d’un siècle notre ville et sa prospérité.

De notre patrimoine à notre gastronomie, de nos artistes à nos commerçants, de la qualité de vie à la nature, tout à Paris concourt à l’expérience unique d’un séjour touristique. À ce titre, la prospérité à long terme de cette industrie est intimement liée à la préservation de ces atouts, y compris contre les menaces que le tourisme lui-même leur fait courir.

Leur préservation est également au centre des attentes des Parisiennes et des Parisiens. Ces derniers aiment leur ville, aiment y vivre, aiment y accueillir des voyageurs du monde entier… à la condition toutefois que ceux-ci ne mettent pas en danger l’équilibre fragile entre résidents et visiteurs au cœur même de la ville la plus dense d’Europe.

Barcelone, Venise, Dubrovnik, Berlin… on ne compte plus les villes qui, au cours des dernières années, ont dû faire face aux protestations de leurs habitants contre le tourisme. Ces mouvements – qualifiés de « tourismophobie », de « surtourisme » ou d’ «  overtourism  » – nous appellent à mesurer que les grandes mutations des décennies qui viennent de s’écouler (massification du tourisme, dérégulation par certains géants de la tech…) sont venues chambouler des écosystèmes urbains fragiles.

Les destinations touristiques de pleine nature ont entrepris, depuis le début des années 2000, de transformer leurs pratiques, et celles des touristes, pour protéger leur patrimoine naturel et, in fine , le tourisme à long terme. Aujourd’hui, dans le même esprit, c’est aux villes de protéger leur patrimoine urbain, bâti et immatériel, et de penser les nouvelles manières de les faire visiter, plus respectueuses des écosystèmes et des habitants. C’est la philosophie de ce travail mené conjointement par un professionnel reconnu du tourisme et par un élu en charge de politiques publiques touristiques depuis six ans.

La question écologique et le respect des habitants ne sont pas une menace pour le tourisme. Ils sont au contraire une occasion unique pour les destinations de se réinventer, de proposer un tourisme de valeur et de multiplier les expériences d’échange entre touristes et locaux. Ils sont aussi l’occasion de promouvoir d’autres lieux, d’autres quartiers, tant pour lutter contre la saturation des espaces les plus fréquentés que pour étendre les bénéfices de l’économie touristique à tous les quartiers.

Ville de l’Accord sur le climat et ville la plus visitée au monde, Paris a la responsabilité d’inventer ce tourisme à impact positif . C’est le sens de ce travail et des propositions que nous soumettons au débat public parisien.

PARTIE IParis face aux risques du surtourisme et du tourisme de prédation

Surtourisme, tourismophobie… et si ce n’était pas qu’une question de chiffres ?

L’augmentation des flux touristiques, un phénomène mondial qui touche l’ensemble des destinations urbaines, mais qui n’explique pas à lui seul la montée du rejet des touristes par les habitants des villes

En janvier 2019, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) annonçait que « le total des arrivées de touristes internationaux s’était élevé à 1,4 milliard en 2018 [1]  ». Ce chiffre, en croissance de 6 % par rapport à 2017, est le deuxième plus fort taux de croissance depuis 2010. Selon l’étude prospective à long terme de l’OMT, la barre des 1,4 milliard d’arrivées ne devait pas être atteinte avant 2020. Elle a finalement été franchie avec deux années d’avance.

Nous assistons, depuis le début de la décennie, à une accélération de la croissance du tourisme international. Le nombre d’arrivées de touristes internationaux a presque été multiplié par trois en moins d’un quart de siècle : on ne comptait encore « que » 500 millions d’arrivées de touristes internationaux en 1995. D’ici à 2030, nous devrions atteindre le chiffre de 1,8 milliard.

Cette croissance fulgurante s’explique à la fois par le développement économique mondial et par les fortes croissances des pays émergents, dont les nouvelles classes moyennes aspirent au voyage, et se combine avec un assouplissement des règles de délivrance de visas et une meilleure connectivité aérienne, notamment sur les réseaux de villes secondaires. Un lien peut également être fait avec le développement des usages digitaux à travers le monde : se renseigner sur les destinations, réserver sa chambre d’hôtel et ses billets d’avion sans intermédiaire sont devenus un jeu d’enfant. Enfin, la baisse des tarifs aériens et les nouvelles formes de tourisme participatif ont réduit considérablement le coût des voyages.

Le monde assiste donc, depuis le début des années 2000, à un fort développement du tourisme, tout particulièrement dans les villes. Selon l’OMT, 95 % des touristes mondiaux se concentreraient sur moins de 5 % des terres émergées [2] , expliquant les tensions exacerbées sur certaines zones.

Ce développement n’a cependant pas partout les mêmes impacts. Certaines villes connaissent plus de tensions que d’autres : Barcelone, Amsterdam, Berlin, Venise ou Dubrovnik ont connu, ces trois dernières années, des mouvements de contestation du tourisme de la part de leurs habitants. Ce phénomène repose-t-il uniquement sur l’aspect quantitatif du tourisme ? Le tableau ci-dessous montre que ni le nombre brut de touristes, ni celui des touristes rapporté au nombre d’habitants ne constituent un indicateur suffisant pour expliquer ces contestations. Barcelone présente par exemple un ratio de visiteurs/habitants moins élevé que New-York. Un bon indicateur de saturation touristique pourrait être le nombre de touristes ramené à la superficie de la ville. Cependant, un tel indicateur n’est guère plus éclairant. À titre d’exemple, la ville de Berlin, qui a fait face à des mouvements anti-touristes, présente une faible densité touristique.

Ratio nombre de touristes vs nombre d’habitants

Nombre d’habitants (en M)

Nombre de touristes (en M)

Ratio touristes /habitants

Londres

8,9

20,4

2,3

Berlin

3,7

13,5

3,6

Paris (Grand Paris)

6,7

38

5,7

Barcelone

5,5

32

5,8

New York

8,6

65,2

7,6

Paris (intra-muros)

2,1

16,5

7,8

Amsterdam

0,82

18,5

22,5

Venise

0,26

25

96,1

Ratio nombre de touristes vs superficie

Superficie

(km 2 )

Nombre de touristes (en M)

Densité touristique

(nb touristes/km 2 )

Londres

1572

20,4

12 977

Berlin

891,8

13,5

15 137

Paris (Grand Paris)

814

38

46 683

New York

783,8

65,2

83 184

Amsterdam

219,3

18,5

84 359

Paris (intra-muros)

105,4

16,5

156 546

Barcelone

101,9

32

314 033

Venise [3]

29,86

25

837 240

b. Le rejet du tourisme intervient quand les externalités négatives de cette activité sont supérieures aux bénéfices pour les habitants

Plus que le nombre de touristes, ce sont donc aujourd’hui les formes de tourisme qui doivent être questionnées pour expliquer l’impact de cette activité et son rôle dans les réactions des habitants. D’après l’enquête internationale « Residents Sentiment Index [4]  » de TCI Research, des villes comme Barcelone [5] et Amsterdam voient près d’un résident sur cinq rejeter le tourisme et même souhaiter que leur ville cesse toute action de développement touristique.

Le tourisme est un contrat tacite passé avec les résidents. Ces derniers sont prêts à accepter son développement dans leur ville, à condition que cela les impacte positivement : développement économique, création d’emplois, participation à l’entretien du patrimoine, à la diversité culturelle et événementielle, etc.

En revanche, lorsque le tourisme devient une économie de prédation et entraîne une augmentation des nuisances, le développement de la pollution, la réduction du parc de logements, l’augmentation du coût de la vie, la congestion, la perte de singularité des commerces, le contrat initial est rompu. On se trouve alors dans une situation où l’augmentation du nombre de visiteurs, au lieu de contribuer à la prospérité de la ville, dégrade la qualité de vie des habitants. C’est à ce moment précis que naissent le rejet du tourisme et la tourismophobie. À Barcelone, ce sont le développement d’Airbnb et la réduction du nombre de logements, ainsi que l’augmentation des loyers dans certains quartiers, qui ont mis le feu aux poudres. À Amsterdam, outre le comportement excessif de touristes venus faire la fête dans le Quartier rouge, c’est aussi la modification des commerces qui a été pointée du doigt comme élément du sentiment de captation de la ville par les visiteurs au détriment des locaux.

Les villes européennes face aux mouvements organisés de rejet du tourisme

À Barcelone, le quartier gothique de Ciutat Vella se vide de ses habitants. En 2015, on ne dénombrait plus que 15 624 habitants, contre 27 470 en 2006. 63 % d’entre eux sont désormais des habitants « flottants », c’est-à-dire des personnes qui louent de manière très temporaire en raison de la hausse des prix. En réaction, la ville a sanctuarisé le périmètre situé entre les Ramblas et le Barrio Gótico, où il est désormais impossible d’ouvrir un nouvel établissement hôtelier ou d’accroître le nombre de lits dans les structures existantes.

Dans le vieux quartier de l’Alfama à Lisbonne, il est aujourd’hui difficile de trouver un loyer à moins de 1 000 euros par mois, un montant extrêmement conséquent pour les résidents portugais, dont le salaire est souvent inférieur à cette somme.

À Florence, les boutiques de souvenirs et les commerces de grandes enseignes se sont démultipliés dans le centre-ville, qui voit également le nombre de ses habitants diminuer drastiquement en raison du développement exponentiel des meublés touristiques. La ville a décidé d’asperger certaines rues au jet d’eau afin d’éviter que les touristes ne s’attardent autour de la basilique Santa Croce.

À Budapest, le développement de bars à bières a été spectaculaire depuis une dizaine d’années. En 2018, les habitants du 7 e arrondissement se sont prononcés pour leur fermeture, entre minuit et 6 heures du matin, pour réduire les nuisances.

À Venise , la municipalité a mis en place des amendes de 500 euros pour qui pique-nique par terre ou plonge dans la lagune, et a décidé d’un accès limité à la place Saint-Marc.

À Dubrovnik, la ville a instauré des quotas journaliers de touristes pour la visite des remparts.

c. Le mode de consommation touristique, une autre composante du rejet du tourisme

Le mode de voyage peut également générer des tensions entre les habitants et les touristes. Le tourisme à Paris n’est pas un bloc uniforme. Individuel ou en groupe, de loisirs ou d’affaires, culturel ou mémoriel, chaque forme de tourisme et les comportements qui lui sont associés entraînent plus ou moins d’externalités positives et négatives pour la ville et ses habitants. C’est dans l’analyse des formes les plus prédatrices ou nuisibles que nous trouverons les leviers d’un tourisme apaisé.

À ce titre, le voyage en groupe, prisé notamment par les nouveaux pays émergents en forte croissance qui ont accédé récemment au tourisme, est peu compatible avec le tourisme urbain et va même à l’encontre du mode de vie des résidents des villes.

D’une part, il crée des pics de charge sur la ville et des phénomènes de saturation de l’espace public. Il sera plus difficile de « franchir » un groupe de cinquante personnes sur un trottoir que cinquante personnes seules réparties de manière diffuse. Il en va de même lorsqu’un tel groupe se présente dans un musée : il crée un effet de congestion plus important que l’arrivée linéaire de cinquante individus diffus. Idem pour l’accès aux sanitaires. Ces chocs de charge sont difficilement absorbables par la ville car ils demandent une infrastructure démesurée face aux besoins réels (caisses en grand nombre, trottoirs larges, blocs sanitaires…), que la ville ne peut fournir, faute de place et en raison d’une inadéquation à la majorité des usages.

Il en est de même pour l’hébergement : le tourisme de groupe nécessite des hôtels de grande capacité et ce, tout au long de leur parcours client (personnel suffisant pour un check-in en nombre, service du petit déjeuner concentré sur un laps de temps très court et dans une salle pouvant accueillir simultanément un grand nombre de convives, etc.). Là encore, les villes denses se prêtent peu à l’implantation de ce type d’hôtels.

En matière de transport, pour des raisons de simplicité ou de sécurité, les groupes préfèrent se déplacer en autocar plutôt que d’emprunter les transports en commun, participant là encore à l’encombrement de l’espace public par des véhicules peu adaptés à la circulation en centre-ville.

Enfin, les contrats de groupes et de gros volumes imposent aux opérateurs économiques parisiens des conditions financières défavorables, aux marges réduites et à la création de valeur restreinte.

Dans le même temps, la réduction des temps de séjour, liée au développement des city breaks (cf infra) autant qu’aux parcours dits « multi-destination Europe » des marchés émergents, a entraîné le développement d’une forme de binge tourism , c’est-à-dire une consommation rapide et effrénée des activités touristiques. Le touriste doit en voir le maximum en un minimum de temps. Ce type de pratique s’est trouvé renforcé par le besoin d’immédiateté, la peur de manquer (le fameux  «  Fear Of Missing Out  ») et aux injonctions, notamment des réseaux sociaux, de prouver « qu’on y était ». Cette pratique du binge tourism a un impact fort sur le commerce. Les traditionnelles boutiques de souvenirs ont été rejointes par des enseignes (type duty free) et des restaurants de chaînes, où l’on peut acheter vite et se restaurer vite, avec des plats de son pays d’origine, pour ne pas avoir à passer de temps à choisir. On peut également souligner l’impact de cette consommation effrénée sur ce qui est apparu comme une nécessité : l’ouverture des commerces le dimanche, pour des touristes qui ne pourraient attendre le lundi pour consommer. En effet, les Zones touristiques internationales (ZTI), créées par l’État pour répondre à ce besoin, ont notamment eu pour conséquence de développer la concentration de commerces d’enseigne au détriment de commerces de proximité.

Par ailleurs, la fragmentation des temps de congés et la multiplication des courts séjours perpétuent la recherche de coûts bas. Nous le verrons, le low cost aérien a participé au développement des city breaks . D’autres formes de transport low cost se développent dans le ferroviaire ou avec les bus longue distance. Les économies sont également recherchées du côté de l’hébergement (à Paris, une nuitée hôtelière coûtait 141 euros en 2016, contre 102 euros en moyenne pour une location d’appartement sur Airbnb), des activités touristiques (recours aux free tours plutôt qu’aux guides touristiques professionnels, par exemple). Ces comportements encouragent la dérégulation du secteur du tourisme et entraînent à terme une perte de valeur pour l’économie parisienne. Si le nombre de visiteurs a crû de 9,15 % entre 2014 et 2018, la dépense touristique n’a augmenté, elle, que de 5,33 % sur la même période.

Enfin, le développement des réseaux sociaux a aussi eu un impact désastreux en matière de saturation et de dénaturation de lieux qui n’avaient pas initialement une vocation touristique et qui sont devenus subitement désirables. Les effets de mimétisme induits par les réseaux sociaux (Instagram notamment) ont engendré un afflux massif et démesuré de touristes sur certains sites devenus « à la mode », contribuant à l’augmentation de la pollution, des déchets, des nuisances sonores, voire des dégradations. Si le phénomène a touché de nombreux sites naturels, comme ce champ de coquelicots piétiné par les touristes en Californie ou la fameuse baie de Maya en Thaïlande, il s’est aussi urbanisé, comme pour la rue Crémieux, une charmante petite rue colorée parisienne qui est devenue le lieu de rendez-vous des influenceurs d’Instagram et dont les habitants sont excédés par le flot quotidien de visiteurs peu respectueux de leur tranquillité.

C’est particulièrement vrai pour le tourisme urbain en Europe. À partir des années 2000, une nouvelle forme de tourisme s’est développée en Europe, grâce à l’émergence du digital, des compagnies aériennes low cost et des trains à grande vitesse, et aujourd’hui à la fin du roaming (surcoût pour les appels téléphoniques passés depuis l’étranger) : le city break .

Les villes sont devenues le terrain favori des courtes escapades, le temps d’un week-end, pour les autres citadins européens. Les événements, culturels ou sportifs, sont les motifs principaux de ces courts séjours, souvent organisés à la dernière minute. Cette spontanéité dans l’organisation des courts séjours a un impact sur la manière dont ils aiment voyager. Vu le temps imparti, tout doit être fluide et immédiat (transports, paiement, accès aux sites, hébergement central…). Par ailleurs, le citybreaker cherche à vivre comme un local. Il veut se sentir à la maison et privilégie pour cela la location d’appartement plutôt qu’une chambre d’hôtel. Il cherche également à sortir des sentiers battus, souhaite aller à la rencontre des locaux (activités, restaurants, commerces…), voyage hors saison et aime se fondre dans la masse.

Ces deux tendances contradictoires, le développement du tourisme de masse en groupe dans les pays émergents et l’essor des city breaks pour les urbains européens, reflètent assez bien la diversité des usages et des formes du tourisme, et leur capacité à s’intégrer ou à s’opposer aux usages de la ville. C’est avec ce discernement qu’il faut distinguer ce qui relève d’un tourisme prédateur et ce qui relève d’un tourisme contributeur pour la ville.

À Paris, nous nous questionnons depuis 2014 sur la forme de tourisme que nous souhaitions développer. La Ville de Paris a auditionné plus de 400 professionnels du tourisme, ainsi que des Parisiens, pour comprendre les enjeux et attentes en matière de développement touristique. Nous nous sommes alors rendu compte, et cela a ensuite été corroboré par les résultats parisiens [6] du « Residents Sentiment Index » de TCI Research, que les Parisiens étaient fiers d’accueillir des touristes, à condition que les nuisances qu’ils génèrent soient limitées.

Pourquoi il n’y a pas (pour le moment) de phénomène de rejet massif du tourisme à Paris

La balance touristique parisienne est encore très positive. Le tourisme conserve une bonne image, principalement du fait de ses bénéfices pour la ville et ses habitants, et de l’équilibre que Paris a su trouver entre le développement touristique et le respect de la vie quotidienne de ses habitants.

Les apports positifs du tourisme pour Paris sont nombreux

Au niveau mondial, le secteur du tourisme est l’une des premières sources de recettes d’exportations. Selon l’OMT, c’est même la première pour plus d’un tiers des pays dans le monde. Le tourisme a cela de particulier qu’il fait entrer des devises dans un pays en échange de services qui, eux, sont produits et restent dans le pays. Le tourisme a donc un impact considérable pour le développement économique à l’échelle mondiale, en matière d’investissement, de retombées économiques, d’emplois, voire de recettes fiscales.

La constitution d’une offre ou d’un produit touristique repose sur des éléments très hétéroclites : à la fois des ressources naturelles (soleil ou neige, plage ou montagne, faune, flore…), les ressources culturelles et artistiques, les services (hébergement, transports, activités touristiques, commerces…) mais aussi les produits agricoles et l’artisanat. Ainsi, les dépenses des touristes ont un effet multiplicateur car elles profitent à de nombreux producteurs qui, à leur tour, pourront consommer d’autres biens et services.

Le secteur touristique est l’un des secteurs clés de l’économie française, devant l’agroalimentaire et l’automobile. Avec 148,4 milliards d’euros de dépenses touristiques intérieures, dont 53,7 milliards de recettes issues du tourisme international, il représente plus de 7 % du produit intérieur brut français [7] .

En Île-de-France, le tourisme est l’un des secteurs économiques les plus dynamiques : on estime à 38 millions le nombre de visiteurs dans le Grand Paris et à 50 millions le nombre de visiteurs en Île-de-France en 2018. Ils ont dépensé près de 21,5 milliards d’euros.

Le secteur du tourisme recoupe l’hébergement (avec plus de 100 000 chambres d’hôtel), la restauration (plus de 15 000 restaurants), les activités de loisirs et les transports. Ce ne sont pas moins de 100 000 entreprises qui travaillent pour le secteur du tourisme, offrant 500 000 emplois à la région Île-de-France. Le tourisme représente 9,3 % de l’emploi salarié dans le Grand Paris en 2017. Et, selon le World Travel & tourism Council, 20 % des emplois dans le secteur du tourisme en France sont générés par le tourisme dans le Grand Paris.

La force de ce secteur réside dans le fait que nombre de ces emplois ne sont pas délocalisables. Les métiers et opportunités de carrière y sont variés et s’adressent à tous les profils, diplômés ou non. Le tourisme est donc un acteur essentiel pour le bassin d’emploi parisien.

Il est aussi un fort pourvoyeur de clients pour les secteurs connexes comme les commerces, en particulier la mode et le luxe (l’activité de shopping étant dans le top 3 des activités préférées des touristes à Paris), ou le secteur culturel. L’apport financier pour Paris est conséquent, ne serait-ce que par le biais de la taxe de séjour, qui a rapporté 83 millions d’euros à la ville en 2018. Quant au chiffre d’affaires de l’hôtellerie en 2017, il s’est élevé à 3,7 milliards d’euros. Selon l’étude « Destination Insight de Mastercard [8]  », les visiteurs internationaux ayant séjourné plus de 24 heures à Paris en 2018 ont dépensé plus de 14 milliards d’euros, sur un total de 21,7 milliards d’euros de recettes en Île-de-France selon l’étude du CRT Île-de-France (Comité régional de tourisme Paris Île-de-France) [9] .

L’appétence des touristes pour la culture et le patrimoine (activité favorite des touristes, à 72 % selon l’étude du CRT Île-de-France) fait atteindre un nombre d’entrées record aux musées et sites patrimoniaux. En 2018, le Louvre a accueilli plus de 10 millions de visiteurs, tout comme la cathédrale Notre-Dame de Paris et la basilique du Sacré-Cœur. Chaque année, entre 6 et 7 millions de visiteurs entreprennent l’ascension de la tour Eiffel, et trois fois plus de visiteurs viennent l’admirer. Les sites de taille plus modeste s’ouvrent de plus en plus au tourisme afin de profiter des recettes engendrées pour se développer.

Les chiffres clés du tourisme à Paris

FRÉQUENTATION HÔTELIÈRE 2018 (source : Insee)

24,5 millions d’arrivées hôtelières dans le Grand Paris (+ 3,8 % par rapport à 2017)

54,0 % Arrivées étrangères

46,0 % Arrivées françaises

67,6 % Arrivées hôtelières dans Paris intra-muros

Arrivées et nuitées hôtelières dans le Grand Paris en 2018

Arrivées

2018

Évolution

2018/2017

Nuitées

2018

Évolution

2018/2017

Étranger

13 217 148

+ 10,0 %

32 742 895

+ 10,7 %

Français

11 239 338

– 2,7 %

19 803 444

0,0 %

TOTAL

24 456 486

+ 3,8 %

52 546 339

+ 6,4 %

Nuitées dans le Grand Paris en 2018 et évolution 2018/2017

Arrivées 2018

Évolution 2018/2017

Nuitées 2018

Évolution 2018/2017

Allemagne

918 679

+ 14,5 %

2 106 296

+ 16,0 %

Belgique

439 155

– 1,8 %

856 950

– 1,2 %

Chine

799 269

+ 3,2 %

1 885 564

+ 4,8 %

Espagne

738 166

+ 16,2 %

1 833 318

+ 15,4 %

États-Unis

2 402 615

+ 16,1 %

6 204 448

+ 16,2 %

Italie

627 107

+ 26,0 %

1 231 756

+ 6,2 %

Japon

448 673

+ 17,3 %

1 121 550

+ 16,7 %

Pays-Bas

376 662

+ 3,8 %

815 657

+ 3,2 %

Royaume-Uni

1 200 277

+ 9,0 %

2 724 298

+ 10,0 %

Russie

255 954

+ 11,2 %

692 712

+ 10,5 %

Suisse

317 861

+ 0,5 %

720 798

+ 1,4 %

78,6 % : taux d’occupation (+ 3,3 points par rapport à 2017)

146,30 € : prix moyen hôtelier (+ 7,6 % par rapport à 2017)

115,00 € : RevPAR (+ 12,3 % par rapport à 2017)

2,15 nuits : durée moyenne du séjour en hôtellerie

1,76 nuit : durée moyenne du séjour en hôtellerie pour les Français

2,48 nuits : durée moyenne du séjour en hôtellerie pour les étrangers

Enfin, le tourisme participe à l’attractivité et au rayonnement de la ville dans le monde entier. Haut lieu touristique de la capitale, la tour Eiffel est le monument le plus cité sur Instagram depuis la création de ce réseau en 2010 (5,8 millions d’utilisateurs ont ainsi utilisé le hashtag #eiffeltower entre 2010 et 2019, selon une étude de Motif [10] ), le Louvre arrivant en 5 e position du classement, avec 2,9 millions de mentions du hashtag #Louvre.

Paris est la destination la plus populaire au monde selon le classement 2018 des Travellers Choice Awards de Trip Advisor. Selon le classement mondial ICCA (International Congress and Convention Association) des congrès, elle est aussi la ville qui a accueilli le plus de congrès en 2018, ce qui fait d’elle l’une des grandes capitales du tourisme d’affaires, une activité très rémunératrice et source d’attractivité économique. Elle est régulièrement citée comme ville la plus touristique au monde en nombre de visiteurs étrangers. Le dernier classement Mastercard « Destination Insights » la classe deuxième ville la plus visitée au monde, après Bangkok.

Un équilibre savamment maintenu au fil de son histoire entre attractivité touristique et qualité de vie des habitants

Une longue tradition d’accueil qui a façonné le caractère

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