Climat : des pistes pour lutter contre les émissions de carbone de l’agriculture et de la forêt


Pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, un objectif que la France a fixé dans la loi, s’attaquer aux seules émissions du carbone fossile ne suffira pas. Car une partie non négligeable du carbone émis chaque année vient d’ailleurs : de l’agriculture, de l’élevage, de la forêt, de la biomasse . Au niveau mondial, ils comptent pour plus du quart des émissions de gaz à effet de serre, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : du méthane et de l’azote rejetés par les deux premiers, et du CO2 libéré par la déforestation ou l’érosion des sols.
« Incitations perverses »
Ainsi, pour l’association, à l’heure du Green Deal européen , la PAC est « à réinventer », pour qu’elle contribue « enfin vraiment » aux objectifs environnementaux. Terra Nova juge aussi la politique de la biomasse en France trop centrée sur la mobilisation de la biomasse à des fins énergétiques. « Elle prend alors le risque de développer des incitations perverses : mal contrôlée, l’incitation à l’usage de biomasse-énergie, et notamment de bois-énergie, peut conduire à une surexploitation du milieu naturel qui ne pourrait fournir les combustibles requis sans prélever sur le stock de carbone vivant », détaille le think tank. Quant à la Stratégie nationale bas carbone, elle comprend « une série de contradictions » qui révèlent « l’absence de politique claire du carbone vivant ».
Parmi les treize propositions formulées, le think tank pousse à la mise en oeuvre de « contrats de transition agroécologique et alimentaire », pour accompagner les producteurs vers l’agroécologie et gérer différemment l’usage des sols. Il suggère également, dans le cadre de la PAC, de rémunérer les services écosystémiques rendus par les pratiques agricoles, comme la renonciation aux engrais minéraux, le non-labour, l’agroforesterie, les haies, le maintien ou l’extension des prairies permanentes, et le couvert végétal entre deux cultures. En parallèle, Terra Nova suggère de conserver au niveau national 25 % de la surface de la forêt française en libre évolution, avec un minimum de 10 % dans chaque région, et de planifier l’allocation des sols.
Enfin, il émet l’idée de développer un service public de la méthanisation territoriale, « en s’assurant de la qualité des pratiques », notamment pour mutualiser les coûts du traitement de résidus agricoles. Un service qui permettrait, dit le think tank, de créer des communautés d’énergie renouvelable locales, prévues par les directives communautaires mais peu développées en France.
Muryel Jacque