Aller au contenu de la page
Revue de presse

Comment les entreprises dévoient les modèles vertueux du management

Entreprise libérée, collaborateurs responsables… le travail participatif a gagné les esprits. Mais les entreprises en détournent les pratiques, en tronquant les principes fondateurs des théories managériales, décortique un récent rapport de Terra Nova.
Publié le 

Faire confiance, miser sur la coopération, donner aux salariés la capacité d’agir et de s’exprimer, sont les fondamentaux des théories managériales en vogue, qui parient sur le bien-être au travail pour faire décoller les performances économiques. 

Les travaux scientifiques leur donnent raison, révèle l’étude de Terra Nova intitulée « la qualité de vie au travail: un levier de compétitivité »* parue ce 11 octobre. Pourtant, à y regarder de près, il y a loin de la coupe aux lèvres. 

L’holacratie a du plomb dans l’aile

L’entreprise libérée – décortiquée par Isaac Getz -, reconfigurée parfois sur le modèle de l’holacratie, et portée au pinacle par maints observateurs a ici du plomb dans l’aile. Ce type de structure a bien sûr des effets positifs sur la qualité de vie au travail (QVT), puisqu’elle allège les collaborateurs du poids des chefs en pariant sur la responsabilisation, l’engagement, le collectif, la capacité « à sortir de leur poste ». 

LIRE AUSSI >> 5 choses à savoir sur l’holacratie 

Le hic, c’est que sur le terrain, des patrons ont éliminé drastiquement la hiérarchie intermédiaire et les fonctions support (RH, syndicats) pour privilégier la relation directe, voire le référendum. Ce vide créé devient même un facteur de stress, donc une pratique contre-productive. 

Par ailleurs, le sur-engagement de certains est un danger bien réel, soit qu’il conduise au burn-out, soit qu’il pousse les intéressés, qui ne trouvent pas leur place, à partir. Ainsi, l’adoption de l’holacratie par l’entreprise Zappos a provoqué une hausse brutale de son turn-over qui a atteint la cote d’alerte de 14%.  

LIRE AUSSI >> Mes trucs pour faire le bonheur des salariés de Zappos 

Les dérives de l’entreprise responsable

L’étude souligne aussi les dérives pour les tenants de la RSE, l’entreprise responsable, mise en avant par l’ANI (accord national interprofessionnel) de 2013. « L’entreprise ne reconnait pas véritablement l’opérateur comme un expert du travail et norme les processus, soulignent les experts. Elles s’intéressent trop aux résultats, alors qu’il est capital de discuter le  »comment"." 

LIRE AUSSI >> Quand les entreprises s’immiscent un peu trop dans le bien-être des salariés 

Le dialogue professionnel et social reste à construire, et la pédagogie sur l’autonomie au travail, au coeur de ces modèles, n’est pas au rendez-vous. La proportion des salariés déclarant que leurs supérieurs leur disent comment faire leur travail a grimpé de 14,2% en 1998 à 19,3% en 2013. 

* L’étude a été réalisée avec La Fabrique de l’industrie et l’Anact et rédigée par Emilie Bourdu, Marie-Madeleine Péretié, et Martin Richer.

Site Internet fabriqué avec  et  éco-conçu pour diminuer son empreinte environnementale.
Angle Web, Écoconception de site Internet en Savoie