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Revue de presse

L’entrepreneuriat dans les quartiers, à rebours des clichés

Une étude réalisée par BPIFrance et Terra Nova montre que ces structures créent de l’emploi et qu’elles ne sont pas nécessairement une réponse à la difficulté de trouver du boulot.
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Les quartiers ne sont pas des déserts entrepreneuriaux, si l’on en croit cette enquête réalisée par le think tank Terra Nova et BPIFrance Le Lab, le « laboratoire d’idées » de la banque publique d’investissement. Publiée mardi, elle va à rebours de bon nombre de préjugés, et dresse un intéressant portrait de l’entrepreneuriat dans les zones urbaines sensibles (ZUS) et zones urbaines franches (ZFU) (1).

D’abord, les entreprises installées en ZUS créent de l’emploi : 10% d’entre elles comptent entre 10 et 250 salariés, contre 2% des entreprises à l’échelle nationale (98% comptant moins de 10 salariés). Un fait notable quand on sait que le taux de chômage est plus de deux fois plus élevé dans les ZUS qu’ailleurs (24,2% contre 9,9% en 2012, selon l’Observatoire national des ZUS). « Ce ne sont pas des autoentrepreneurs qui [restent sans salarié], souligne Philippe Mutricy, directeur des études de BPIFrance. Ils jouent un rôle fondamental dans le développement des territoires. Ils sont très engagés dans la vie entrepreneuriale des quartiers : les seniors forment les juniors, ils créent plusieurs entreprises, ils sont très investis dans la vie associative. » 53% habitent toujours dans le quartier, 6% y ont habité.

« Je voulais créer ma propre sécurité »

Ces entreprises sont surtout actives dans le domaine des services aux entreprises, de type nettoyage ou gardiennage, dans une proportion similaire à l’ensemble des entreprises françaises (respectivement 33% et 35% des structures). Les entrepreneurs des quartiers ont en moyenne 39,5 ans et 47% ont un bac + 2 ou plus. « Ce ne sont pas des jeunes non qualifiés », note Thierry Pech. Le taux d’entrepreneurs ayant au moins un bac + 2 a toutefois chuté de 11 points depuis 2010. Si les femmes sont nettement minoritaires (22%), les jeunes sont particulièrement dynamiques : 17% des femmes entrepreneures en ZUS ont moins de 30 ans – contre 10% hors ZUS.

Contrairement à une idée reçue, on ne crée pas une boîte dans les quartiers parce qu’on ne trouve pas de travail. Ainsi, 84% des entrepreneurs sont actifs au moment de la création d’entreprise, 69% sont salariés. La motivation principale avancée : ne plus avoir de patron.« J’avais envie de réussir ma vie, de travailler à ma façon, parce que la manière dont mon entreprise fonctionnait ne me plaisait pas », se souvient Sally Bennacer, originaire de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), qui a créé sa société dans le secteur du bâtiment, Art and Blind, en 2000. A l’époque, elle était secrétaire commerciale et une de ses collègues était sur le point de se faire renvoyer. « Je voulais créer ma propre sécurité. Je me disais qu’un patron pouvait me licencier du jour au lendemain », résume-t-elle.

Elle a pour cela mis toutes ses économies dans sa boîte et travaillait le soir dans un restaurant pour pouvoir subvenir à ses besoins. Dans les ZUS, les entrepreneurs ont majoritairement recours à leurs ressources personnelles et à la « love money », c’est-à-dire l’argent provenant de l’entourage. 23% seulement empruntent auprès des banques, contre près d’un sur deux dans l’ensemble de la population. « Je ne pouvais pas me permettre de me mettre un crédit sur le dos, ne sachant pas si mon activité allait marcher ou pas », explique Sally Bennacer. 43% des personnes interrogées dans l’enquête désignent l’accès au financement comme la première de leurs difficultés. Pourtant, constate Thierry Pech, « ce sont plutôt des bons payeurs ».Si les patrons d’entreprises installées dans les quartiers revendiquent le fait d’être des entrepreneurs comme les autres,  « ils rencontrent quand même des difficultés et des contraintes particulières, rappelle Joël Pain, administrateur de Planet Adam, une structure qui aide à la création d’entreprises dans les zones prioritaires. Si un entrepreneur veut rester local, il va devoir développer son activité en ciblant les besoins et le pouvoir d’achat locaux. Et puis le problème de l’enclavement géographique reste un vrai sujet. »

Pour favoriser l’entrepreneuriat dans les quartiers, BPIFrance avance plusieurs propositions, parmi lesquelles la mise à disposition de données statistiques sur ces structures, la création d’un baromètre des échanges qu’elles ont avec les grandes entreprises ou encore le développement des contrats à impact social, qui reposent sur le principe du financement au résultat.

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