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Revue de presse

L’incroyable concentration des jobs dans les métropoles

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Les grandes métropoles françaises sont en train de faire une OPA sur le marché du travail. C’est ce que révèle une étude réalisée par le think tank Terra nova en partenariat avec le job board, Jobijoba. Principal enseignement : « les ville-centre des grandes aires urbaines de France accueillent un quart des 25 millions d’habitants de ces zones, mais concentrent entre 50% et 60% des offres d’emploi en ligne observées en 2015 », expliquent les auteurs. Autrement dit, elles exercent « un pouvoir d’attraction extrêmement puissant sur le marché du travail des grandes aires urbaines françaises alors même que ce sont les couronnes périurbaines qui ont attiré le plus de population ces deux dernières décennies », poursuivent-ils.

Des emplois plus stables dans les grandes villes

Les grandes cités françaises concentrent aussi des emplois plus stables. En clair, plus on a un job proche des épicentres urbains moins on a de chance d’être précaire. « Deux offres d’emploi sur cinq (42%) proposent des contrats à durée indéterminée (CDI) dans la banlieue et la couronne des aires urbaines (Paris non compris). Dans les ville-centre, cette proportion passe à un sur deux », note le rapport. Ce constat est particulièrement vrai à Lille, Bordeaux, Strasbourg ou encore Toulouse. Seule exception : Lyon où le centre-ville offre moins de CDI que le reste de la grande aire urbaine. La tendance est la même concernant le travail intérim qui représente plus d’un tiers des offres d’emploi (35%) en périphérie des grandes cités françaises contre un peu plus du quart (28%) dans les ville-centre.

Ce décrochage de la périphérie est flagrant pour ce qui est des rémunérations. Le salaire médian est inférieur de 2 400 euros dans les banlieues et les couronnes (à 21 600 euros par an), soit un écart de 11% par rapport à celui dans les ville-centre (24 000 euros). Cette différence est particulièrement marquée s’agissant de Paris (24 000 euros contre 28 500, soit 19%) ou de Lyon (22 000 euros contre 26 000). Cette situation n’a rien de particulier à la France. « Elle est globalement la même aux Etats-Unis où les emplois de qualité se concentrent aussi dans les centres métropolitains, même si les emplois sont plus abondants en périphérie aux Etats-Unis », remarque le rapport.

Des métiers plus qualifiés dans les ville-centre

Principale raison à ce différentiel très net des salaires : la nature des jobs. « Les secteurs les plus représentés dans les ville-centre reflètent la plus forte présence des activités tertiaires avancées, des activités liées à l’économie de la connaissance et de l’information, et des activités liées aux fonctions siège et support des entreprises », poursuivent Terra Nova et Jobijoba. Par exemple, l’informatique ou la comptabilité figurent dans le top 10 des secteurs les plus représentés dans les ville-centre alors qu’ils sont absents dans celui des banlieues ou couronnes. Ces dernières concentrent des emplois principalement dans des secteurs liés à l’économie résidentielle comme les services à la personne (baby-sitter, assistante maternelle ou auxiliaire de vie sociale).

Seule entaille dans la supériorité des cœurs urbains : concentrant 60% des offres, ils ne suscitent l’intérêt que de 50% des candidats-internautes qui recherchent du travail via Jobijoba. Ceci « suggère qu’une partie non négligeable des recherches se tourne vers les zones moins denses où les offres sont aussi moins nombreuses, faute de pourvoir ou de vouloir accéder au marché du travail de la ville-centre », indiquent le rapport. Conséquence : dans certaines aires urbaines, on observe un désajustement entre les recherches des candidats et la localisation des offres d’emploi. En clair, les postulants ne regardent pas au bon endroit, ce qui diminue leurs chances de trouver un travail. C’est le cas à Lyon, Marseille ou Toulouse. « Ces aires urbaines présentent de larges espaces où les recherches se concentrent dans les zones de faible densité d’offre (Sud-est de l’aire lyonnaise, Ouest de l’aire bordelaise ou encore de l’aire toulousaine… ) », précise le rapport. Ce qui a pour conséquence de susciter une certaine déception des chercheurs d’emploi.

Faut-il, comme un certain nombre d’élus, s’inquiéter de cette concentration de l’emploi et notamment de l’emploi qualifié dans les grandes métropoles françaises ? Et dénoncer « l’abandon des périphéries », qui ferait le lit de l’extrémisme et du Front National ? Ce n’est pas la conclusion de l’étude qui insiste au contraire sur les solutions à mettre en oeuvre. A commencer par le fait de disposer d’un « réseau de transport efficace, permettant des navettes domicile-travail rapides et peu coûteuses »: pour les ménages les plus modestes qui habitent loin des « centres », accéder à l’emploi est complexe et coûteux.  Autre piste, favoriser le développement du télétravail dans les secteurs où c’est possible. Et enfin, travailler à une meilleure articulation entre les zones résidentielles éloignées et les centres productifs, entre la vie familiale et le vie professionnelle, avec une vraie politique d’aide à la garde d’enfants par exemple.  

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