Chypre : danses politiciennes au bord du précipice
L’inertie des dirigeants européens dans la gestion de la crise chypriote et leur incapacité à procéder à une résolution bancaire rapide révèlent les insuffisances de la gouvernance européenne.
S’il était certes difficile de trouver un accord rapidement entre des gouvernements aux orientations politiques diverses, il n’en reste pas moins que cette cacophonie est lourde de conséquences pour l’avenir de la zone Euro et la stabilité de l’économie européenne : la crise chypriote contraint désormais les Européens à accélérer la mise en œuvre de l’Union bancaire.
Il y a à nouveau le feu dans la zone Euro ! La négociation rocambolesque du plan de sauvetage du système bancaire chypriote vient de mettre en lumière les insuffisances de la gouvernance européenne dans la gestion de la crise. Or le cas chypriote aurait pu être largement anticipé. La remise en cause de la protection des dépôts, pierre angulaire de la stabilité financière, fut une faute majeure : l’Europe aurait du d’emblée s’opposer à l’obsession du gouvernement chypriote de protéger les seuls grands comptes des non résidents.
Les hésitations et le défaut de maîtrise de la situation par l’Eurogroupe ont accru les coûts inhérents au traitement final, pourtant rationnel, de cette crise. Chypre a incontestablement franchi une étape vers la sortie de la zone Euro, qui aurait eu lieu si un accord d’assistance n’avait pas été trouvé. Cette crise ne sera pas sans conséquences pour le reste de l’Europe : il sera désormais difficile de convaincre les marchés que toutes les banques européennes bénéficient d’un parapluie de solvabilité communautaire. La tendance à éviter d’acheter des obligations d’Etats du sud moins solvables, et à ne pas laisser trop d’encaisses dans leurs banques, approfondira les difficultés de financement de ces Etats.
Par ailleurs, la crise chypriote contraint les Européens à reprendre à zéro le travail de construction de confiance lié à l’Union bancaire. Elle rappelle l’urgence d’appliquer dans un cadre européen le rapport Liikanen et de prévoir des modalités de résolution des crises bancaires permettant de sauver l’utilité fondamentale de la banque de dépôts et de prêts directs.