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Revue de presse

Comment va le capitalisme?

L’édito éco de Dominique Seux le 12 mai 2016 dans le 7–9 de France Inter
Publié le 

Ce matin, une question toute simple : comment va le capitalisme ?

Il faudrait des heures pour en parler, mais on peut être assez d’accord avec une jolie formule qu’a trouvée le think tank de gauche Terra Nova dans une analyse publiée ce matin. Le problème majeur du capitalisme est qu’il est devenu, aujourd’hui, impatient. Il a de grandes vertus, parce qu’il créé des richesses, pour beaucoup de monde et dans beaucoup de pays. Tout comme le travail, le capital est utile et nécessaire. Mais le capitalisme est aujourd’hui courtermiste, il ne sait plus valoriser le temps. A New York, la durée de détention d’une action est inférieure à un an. C’était cinq dans les années 80. Mieux (ou pire): en tenant compte des échanges par ordinateur ultra-rapide (le trading haute fréquence), cette durée est de dix secondes! Quoi encore ? La publication par les sociétés de résultats tous les trois mois les met sous une pression infernale et permanente. Les investisseurs veulent des rendements élevés pour leurs capitaux, parce que les placements habituels ne rapportent plus rien avec des taux d’intérêt à zéro ou presque. Les normes comptables enfin conduisent dans le même mur, même si ce sujet n’est pas du tout sexy.

Ce constat commence à être partagé par des acteurs du système.

Il y a peu de temps, le patron du plus gros gestionnaire d’actifs du monde -il gère une fois et demi le PIB de la France-, BlackRock, a invité assez fermement 500 des plus grosses multinationales à verser moins de dividendes, à passer moins de temps à commenter leurs résultats trimestriels, et davantage de temps en revanche à réfléchir au long terme et à investir, à innover etc. Un changement d’état d’esprit utile.

Face à ce capitalisme impatient, que serait un capitalisme patient ?

Terra Nova suggère quelques pistes, comme la création d’un fonds souverain européen, la révision des normes comptables, l’encouragement règlementaire à la détention longue d’actions. Pourquoi pas. Mais le think tank s’arrête peut-être en chemin et n’explore pas deux autres pistes peut-être plus touchy. Un : la France est particulièrement à risque puisque la majorité du capital de ses grandes entreprises est détenue par des mains étrangères faute de grands fonds d’investissement et d’une fiscalité attractive pour les actions. Deux : on a beau dire, le capitalisme familial est le meilleur rempart contre le courtermisme, n’est-ce pas lui qu’il faut valoriser et encourager ?

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