Economie : quand les délais de paiement étouffent les PME françaises


La France reste un mauvais élève en Europe. Les PME servent donc de banques aux grandes entreprises ou à l’Etat. Ces retards de paiement sont responsables d’une faillite sur quatre et nous coûtent 100 000 emplois.
Alors qui sont ces mauvais payeurs et pourquoi agissent-ils comme cela ?
Les mauvais payeurs sont aussi bien publics que privés. Plusieurs d’entre eux ont été épinglés par la DGCCRF – le service de répression des fraudes du ministère de l’économie. EDF a par exemple écopé d’une amende record de 1,8 million d’euros en août, et devrait se voir retirer son label de “Relations fournisseurs responsable” par Bercy.
Eurotunnel, Veolia, les Ciments Calcia ou l’assureur MMA ont aussi été mis à l’amende… Ainsi, je suis bien obligée de le dire, que plusieurs journaux, dont L’Obs, l’Express ou l’Equipe.
Pour Terra Nova, nous avons en France un vrai problème culturel : les gros écrasent les petits au lieu de leur tendre la main. Ils les prennent en otage : impossible de claquer la porte à un gros client. Il y a forcément des répercussions en série. Si la Sécu tarde à payer les hôpitaux, ils paient avec retard leurs fournisseurs, qui font de même.
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des solutions simples, peu coûteuses et efficaces
C’est ce que propose le rapport. Et c’est intéressant. Il faut d’abord renforcer les moyens de la DGCCRF, puis créer un fonds alimenté par les amendes infligées aux mauvais payeurs pour aider les PME en difficulté.
Les Commissaires aux comptes devraient aussi alerter les Conseils d’administration. Et l’Etat ou les collectivités territoriales doivent faire leur introspection. Une région sur deux est un mauvais payeur alors même que leur rôle est de soutenir le tissu économique. Avant les municipales ce serait intéressant de regarder une par une ce que font les mairies.
Si les grandes entreprises payaient aux PME les 13 milliards qu’elles leur doivent, si l’Etat et les collectivités locales rendaient à l’économie les 13 milliards -c’est le même chiffre- coincés dans leur tuyauterie, l’effet serait bien plus puissant qu’une baisse d’impôt. Allez, on est lundi, un petit effort messieurs les comptables !
L’équipe
Sophie Fay, Journaliste économie à L’Obs