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Étude

La nouvelle question territoriale

A l’occasion de cette rentrée, Laurent Davezies et Thierry Pech posent les éléments d’une nouvelle question territoriale. Dans un contexte où inégalités de PIB et de revenu s’aiguisent, l’économie résidentielle et l’économie productive ne s’opposent pas : elles s’articulent, au contraire, l’une à l’autre. Comment définir un nouveau compromis entre cohésion des territoires et surcroît d’autonomie pour ceux qui sont les principaux moteurs de la croissance ? Ces réflexions contribuent aux débats en cours sur la réforme territoriale.

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La réforme territoriale initiée par le gouvernement de Manuel Valls est guidée par la volonté d’accroître l’efficacité de l’action publique dans les territoires en concentrant davantage les moyens et en réduisant les strates du fameux « mille-feuilles » administratif hexagonal. En période de disette budgétaire et sous une pression européenne constante en faveur de « réformes structurelles », ce souci n’a rien d’illégitime. De nombreux pays voisins ont d’ailleurs, avant nous, fait des efforts analogues en ce sens.

Il serait cependant dangereux de réformer l’organisation territoriale de la République en fonction de critères purement conjoncturels ou pour satisfaire les exigences d’un rapport de force politique circonstanciel au sein de l’Union européenne. Car la carte administrative que l’on s’apprête à redessiner survivra assurément à ces circonstances. Elle doit donc s’inquiéter non seulement de rendre l’action publique plus efficace, mais aussi de favoriser certains équilibres entre les territoires. A commencer par l’équilibre entre performance économique et solidarité.

Notre organisation territoriale doit en effet assurer les conditions du développement économique aux territoires les plus dynamiques sans les asphyxier à force de prélèvements, mais elle doit aussi veiller à ce que les territoires les moins productifs ne soient ni abandonnés à leur sort ni privés de chances de développement futur. Jusqu’à une période relativement récente, un compromis semblait avoir été trouvé. A tel point que les écarts de revenu par habitant entre les grands territoires (régions, départements, zones d’emploi, aires urbaines…) tendaient à diminuer, alors même que depuis le début des années 1980 les inégalités de création de richesses tendaient, elles, à s’accroître.

Ce cycle paraît en train de se refermer. D’un côté, le processus de concentration métropolitaine de la production s’accélère. De l’autre, la dynamique de réduction des disparités de revenu entre les territoires est en train de s’inverser. Ces faits sont d’autant plus marquants qu’ils sont l’effet d’une profonde mutation de notre modèle productif.

C’est à la lumière de ces transformations qu’il faut penser la réforme territoriale qui est encore largement devant nous : la carte administrative de la République doit répondre à la nouvelle géographie des inégalités qui se met en place. Nous nous efforçons dans les pages qui suivent de décrire les évolutions en cours et de les resituer dans le temps long de notre histoire économique de manière à mieux cerner les défis qu’il s’agit de relever dans les mois et les années qui viennent

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