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Rapport

La richesse des nations après la révolution numérique

C’est avec ce travail de Nicolas Colin que Terra Nova lance sa collection d’essais, « Positions ». L’objectif de cette collection est d’éclairer les enjeux de long terme auxquels les sociétés européennes sont ou seront confrontées. Notre ambition n’est pas d’avancer ici des propositions techniques pour améliorer telle ou telle politique publique. Elle est de donner à comprendre les grandes mutations sociales, économiques, technologiques ou encore culturelles à l’épreuve desquelles doit être redéfini l’horizon des idées progressistes.

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Demain toute l’économie sera numérique : la plupart des filières sont d’ores et déjà le théâtre de batailles qui voient des entreprises numériques en pleine croissance disputer leurs positions aux acteurs en place et bouleverser radicalement les façons de produire et de consommer. La transition numérique, déploiement d’un nouveau paradigme de filière en filière, transforme progressivement l’ensemble de l’économie et de ses institutions, et explique nombre des problèmes qui la minent. D’une part, elle contribue à la destruction des emplois anciens et au creusement des inégalités. D’autre part, les entreprises numériques créent certes de nouveaux emplois, que ce soit des emplois très qualifiés, à forte intensité en savoir et en compétences, ou des emplois peu qualifiés, notamment dans des activités de service de proximité. Mais elles ont souvent du mal à les pourvoir du fait de l’inadaptation des compétences acquises dans le système éducatif. En outre, elles se heurtent régulièrement à des barrières réglementaires destinées à protéger le monde ancien. 

Ces difficultés sont d’autant plus préoccupantes que les élites de notre pays peinent malheureusement à comprendre ce phénomène et ses conséquences, et que la société française oppose une résistance active à la transition numérique. Des capitaines d’industrie dénoncent leurs nouveaux concurrents, mais sans engager la transformation numérique de leur propre entreprise. Des dirigeants politiques méconnaissent – voire moquent – des applications pourtant utilisées par des millions d’électeurs. Des pans entiers de l’économie – des filières culturelles à l’industrie des taxis, en passant par les avocats, les hôteliers ou les auto-écoles – se mobilisent pour empêcher l’épanouissement en France des innovations de rupture et retarder la remise à plat de nos institutions.

C’est pour ces raisons que la France se trouve aujourd’hui dans une impasse. Les grandes entreprises, piégées par leur grande taille et leurs difficultés à changer, peinent à se ressaisir face à la dislocation de filières qu’elles ont longtemps dominées. Des PME sont acculées à la faillite sans posséder les clefs de compréhension ni le système financier pour les appuyer dans leurs efforts de transformation. Des startups parviennent à peine à émerger dans une économie qui ne leur ménage pas suffisamment d’accès à des financements en fonds propres. Les pouvoirs publics, loin de préparer l’avenir, se bornent souvent à défendre les entreprises en place et à étouffer dans l’œuf les innovations de rupture qui, seules, permettraient de faire grandir des géants français de l’économie numérique.

Il nous faut réaliser que notre conception de la richesse des nations est dépassée. Il ne reste plus beaucoup de temps pour nous réarmer d’une politique économique adaptée à la transition numérique. Cette nouvelle politique économique nous impose d’allouer l’épargne au financement de l’innovation de rupture plutôt que de la laisser se nicher dans les actifs immobiliers ; d’adopter une approche généraliste de l’économique numérique ; de soutenir les entreprises innovantes face aux entreprises en place ; de redéployer la protection sociale pour qu’elle couvre les risques rendus plus critiques par la transition numérique. 

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