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Note

Sortir de l’euro pour sortir de la crise : une recette aux effets désastreux

En pleine crise de la dette, Marine Le Pen martèle avec vigueur l’un des axes principaux de son projet pour 2012 : la sortie de la France de la zone euro. La candidate estime que la monnaie unique est « une aberration économique », responsable de tous les maux du pays. Son programme propose de dénoncer le Traité de Maastricht et de revenir au franc. Mais contrairement à ce qu’affirme Marine Le Pen, l’euro n’est pas en cause dans la crise actuelle, et une sortie de la monnaie unique aurait des conséquences désastreuses pour l’économie française.
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L’euro a fêté ses dix ans au 1er janvier 2012. C’était une décennie de trop pour Marine Le Pen.

  L’euro est, pour le FN, « une aberration économique [1] », responsable de toutes les difficultés de notre pays, de sa désindustrialisation, de sa croissance faible comme de son chômage massif. Il ne pouvait que se solder par un échec, visible aujourd’hui dans la crise qui frappe l’Union européenne. L’éclatement de la zone euro serait ainsi inéluctable et les plans d’aide aux autres pays européens ne seraient que dépenses inutiles.   Marine Le Pen propose donc de s’opposer à tout nouvel effort collectif européen pour surmonter la crise et aider les Etats qui seraient encore en difficulté, et de dénoncer le Traité de Maastricht pour se retirer de la zone euro et revenir au franc.  

Le FN confierait à un « ministère chargé des Souverainetés » la responsabilité de la « renégociation des Traités » pour préparer, en concertation avec les partenaires européens, la restauration de la souveraineté monétaire française, la réintroduction du franc et le rétablissement des prérogatives de la Banque de France en matière monétaire, y compris la capacité de consentir des avances au Trésor.  

Estimant que l’Allemagne est désormais « prête » à revenir au mark, puisque 54 % des Allemands y seraient favorables en octobre 2011[2], le FN propose que le couple franco-allemand joue un « rôle moteur » dans « cet arrêt programmé de l’expérience de l’euro ».  

Marine Le Pen assure que la sortie de l’euro ne provoquerait pas le cataclysme annoncé par « idéologues et autres fanatiques de la monnaie unique », mais qu’elle permettrait, au contraire, de réaliser plus de 200 milliards d’euros sur cinq ans[3], couplée avec une politique de dévaluation et des mesures protectionnistes.  

Elle pense pouvoir empêcher toute spéculation sur la nouvelle monnaie en contrôlant à nouveau les mouvements de spéculation des capitaux, et sécuriser l’épargne des Français en nationalisant, au moins partiellement, les banques de dépôt. Dans « l’hypothèse très peu vraisemblable où l’euro existerait encore », les coûts de la dette libellée en euro seraient couverts, selon Marine Le Pen, par une taxation exceptionnelle des actifs extérieurs libellés en euro détenus par les banques.  

Le FN s’est toujours opposé à la création d’une monnaie unique et a proposé une sortie de la zone euro dès son introduction. Or si les Allemands sont nostalgiques du mark, monnaie stable et forte dans la deuxième moitié du 20e siècle, les critiques émises par les autres peuples sur la monnaie unique ne conduisent pas nécessairement, loin de là, au souhait de son abandon. Les Français, en premier lieu, sont peut-être 45 % à voir dans l’euro un handicap pour l’économique française, mais ils ne sont que 36 % à se dire favorables à un retour au franc, selon un sondage Ipsos de décembre 2012[4]. Si 73 % des sympathisants du FN le souhaite, ils restent minoritaires. Les avantages liés à l’euro sont en effet loin d’être négligeables et son abandon aurait des conséquences désastreuses pour l’économie.  

* Pseudonyme.

[1] Les citations non précisées dans cet article proviennent du site du Front national.

[2] Magazine Stern, 5 octobre 2011.

[3] Conférence de presse de présentation du programme de Marine Le Pen, 12 janvier 2012.

[4]Sondage réalisé pour « Lire la Société » et publié dans Le Monde du 6 décembre 2011.

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