Politique de la ville et richesse des quartiers : renouveler le regard sur les quartiers défavorisés


La politique de la ville a fait l’objet de nombreuses critiques : millefeuilles des dispositifs, changements de cap à chaque alternance, lourdeurs administratives et complexité des circuits de décision. On ne peut que constater le fossé qui existe entre les ambitions affichées en matière de réduction de la fracture sociale et les résultats constatés.
Pourtant les seuls chiffres passent à coté des réussites, souvent micro-locales, et ils ne mesurent pas les trajectoires. Il existe une mobilité sociale ascendante d’une frange de la population des quartiers qui préfère déménager. La recherche d’objectivité mesurable nuit à la lisibilité des actions concrètes qui se déroulent sur le terrain.
En outre, il y a eu une multitude de réalisations réussies. Le travail de la politique de la ville consiste à aller au devant des habitants et à inventer de nouvelles méthodes pour traiter des problèmes sociaux. Son objet est transversal : emploi, éducation, logement, cadre de vie, santé, culture… Elle intervient en réseau dans les failles et les interstices des découpages administratifs. Elle cherche à mettre de l’huile dans les rouages en amenant les services à travailler ensemble. En d’autres termes, elle suppose du « sur mesure » plus que du « prêt-à-porter ».
Les résultats ? Une goutte d’eau dans un océan d’inégalités, sans doute. Ses succès ne concernent que le micro local. Ils n’en sont pas moins remarquables, qu’il s’agisse de femmes-relais, de cafés associatifs, de permanences pour les plus anciens ou encore d’expositions artistiques itinérantes. Est-ce une raison pour renoncer à cette politique spécifique ? Peut-on, en l’état des politiques de droit commun conduites en faveur des quartiers, se passer de la politique de la ville ?
Repenser la politique de la ville, c’est interroger l’ensemble des politiques publiques et leur action sur le territoire. C’est réfléchir au principe des politiques de compensation incontournables pour l’instant, tant la route pour rétablir les égalités territoriales est longue. C’est interpeller les manières de faire des services publics au contact direct des habitants. C’est aussi prendre conscience que les quartiers, loin ne n’être qu’un problème, constituent aussi et surtout la solution.