Ce que l’épidémie nous apprend sur la justice sociale
La série de contributions « Coronavirus : regards sur une crise » de Terra Nova s’efforce de mettre en partage des réflexions, témoignages et questionnements suscités par la pandémie de Covid-19 et ses multiples conséquences. Nous ouvrons à cette occasion nos pages à des partenaires d’horizons variés, témoins, acteurs, experts. Les idées qui y sont exposées ne reflètent donc pas toujours les positions collectives de Terra Nova. Peu présente jusqu’à présent dans le débat sur la gestion de l’épidémie, la dimension sociale de l’exposition au risque de maladie paraît mieux prise en compte au moment de la deuxième vague. En témoigne la volonté du Président de la République d’intégrer cette dimension dans son argumentaire lors de son allocution du 28 octobre annonçant un reconfinement : « Il s’agit de protéger les plus modestes qui, parce qu’ils vivent dans des lieux plus exigus, parce qu’ils occupent des emplois précaires, sont le plus touchés par le virus sur le plan sanitaire ». Le présent entretien avec le Pr. Michel Kazatchkine permet d’expliciter précisément pourquoi la lutte contre l’épidémie de Covid-19, comme d’autres avant elles, doit intégrer l’exigence de justice sociale pour développer une action efficace.
Michel Kazatchkine est un médecin immunologiste clinique. Il a dirigé l’Agence nationale française pour la recherche sur le sida de 1998 à 2005 puis le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme de 2007 à 2012, avant de devenir envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies sur le VIH/Sida en Europe de l’Est et en Asie Centrale de 2012 à 2017. Il est conseiller spécial du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) pour l’Europe de l’Est et l’Asie Centrale, senior fellow du Centre de santé mondiale de l’Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement à Genève, et membre de la Commission mondiale sur les politiques en matière de drogues. Il est membre du panel indépendant installé en septembre 2020 par l’OMS pour évaluer la gestion de la pandémie de Covid-19.