Débat

Aide alimentaire : pourquoi ça va mal

Aide alimentaire : pourquoi ça va mal

Pendant et après le Covid, on a vu s’allonger les queues devant les lieux de distribution d’aide alimentaire. Indispensable en situation de crise et de grande pauvreté, cette aide ne permet cependant pas de répondre à l’ensemble des difficultés de précarité alimentaire en France et elle présente elle-même plusieurs limites, notamment du point de vue de l’organisation et de la qualité nutritionnelle de l’aide apportée. C’est pourquoi, il convient, au delà de l’urgence, de revoir l’ensemble des circuits d’aide pour parvenir à une « sécurité alimentaire durable ».

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Publié le 10 novembre 2023
Par France Caillavet, Nicole Darmon, Christophe Dubois, Catherine Gomy, Doudja Kabeche, Dominique Paturel, Marlène Perignon

Vers une sécurité alimentaire durable : enjeux, initiatives et principes directeurs

La crise sanitaire a rendu visible et aggravé l’insécurité alimentaire en France et montré les limites de la réponse institutionnelle qui lui est apportée. Les raisons en sont connues : d’une part, le manque de revenus économiques des populations concernées, qui conduit, en conjonction avec des conditions de vie dégradées, à des déséquilibres nutritionnels et des risques pour la santé ; d’autre part, les fondements caritatifs des politiques publiques menées depuis le milieu des années 1980 qui font que la lutte contre l’insécurité alimentaire se limite presque essentiellement à de la distribution d’aide alimentaire. De plus, la France est traversée par des inégalités sociales en matière d’alimentation qui ne concernent pas que les personnes en situation d’insécurité alimentaire et qui contribuent aux inégalités sociales de santé.

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Publié le 1 février 2022

Réactions au rapport « Vers une sécurité alimentaire durable : enjeux, initiatives et principes directeurs »

Suite à la publication d’un rapport de Terra Nova en décembre 2021 sur la précarité alimentaire, plusieurs représentants d’associations agissant dans le domaine de l’aide alimentaire ont souhaité réagir aux constats, aux idées et aux questionnements présentés par le rapport. Terra Nova a souhaité publier ces contributions dans le cadre de la Grande Conversation 2022, donnant ainsi la parole à la contradiction, à la diversité des points de vue et aux échanges d’arguments. Nous sommes ici au cœur de notre mission de think tank : l’animation du débat démocratique.

Réaction des Banques Alimentaires

Les Banques Alimentaires ont souhaité apporter leur contribution en réaction au Rapport publié le 10 novembre 2021 par Terra Nova, « Vers une sécurité alimentaire durable : enjeux, initiatives et principes directeurs ». La première partie de ce rapport dresse en effet un constat qui nous a paru sévère de l’aide alimentaire, et ce sans avoir donné lieu à des auditions ou échanges préalables. Ce bilan ciblé sur l’aide alimentaire nous semble en décalage avec la deuxième partie du rapport qui porte un projet de société très large, celui d’une “Sécurité Alimentaire Durable”, projet qui dépasse largement le cadre de l’aide alimentaire et sur lequel les Banques Alimentaires ne se sont pas positionnées.

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Réaction des Restos du Coeur

Le rapport de Terra Nova, « Vers une sécurité alimentaire durable », porte sur des sujets fondamentaux qui, évidemment, interpellent fondamentalement les associations d’aide alimentaire. La crise du covid19 a été à cet égard un accélérateur des réflexions déjà engagées : du côté des Restos du cœur, s’il faut se réjouir du fait qu’aucune rupture d’approvisionnement n’a été constatée au plus fort de la crise, certaines fragilités déjà connues (bénévolat âgé, locaux pas toujours adaptés, …) doivent être prises en considération. De ce point de vue, le rapport de Terra Nova apporte une pierre importante à l’édifice. Il recèle cependant différentes faiblesses, dues principalement à une analyse très « macro » du dispositif d’aide alimentaire qui lui fait commettre certaines approximations ou erreurs d’appréciation, voire méconnaitre certains éléments essentiels, en particulier concernant les Restos, ce qui est compréhensible compte tenu de l’absence d’échanges avec les principaux acteurs de l’aide alimentaire par les auteurs du rapport.

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Réponse des auteurs du rapport aux associations

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L’objectif principal de notre rapport était de proposer des principes directeurs pour promouvoir une sécurité alimentaire durable, ce qui a nécessité de dresser un état des lieux de l’insécurité alimentaire en France et des réponses qui y sont apportées. Celles-ci prenant majoritairement la forme d’une aide alimentaire consistant à distribuer des denrées en nature, cette aide a nécessairement été l’objet d’une attention plus détaillée.

Lors d’une réunion de présentation du rapport, plusieurs représentants d’associations agissant dans le domaine de l’aide alimentaire ont souligné l’intérêt du rapport quant à sa capacité à « ouvrir le nécessaire chantier de lutte contre la précarité alimentaire et matérielle » mais nous ont reproché :

  • 1. de dresser des « constats erronés, approximatifs ou très partiels » « sans avoir pris la peine d’échanger » avec les associations, et ainsi alimenter des « débats théoriques » ;
  • 2. de négliger le rôle d’accompagnement social des associations, et de ne pas mentionner que l’aide alimentaire est considérée comme « une porte d’entrée » et même « un levier d’inclusion sociale » pour les personnes précaires ;
  • 3. d’ « ignorer la diversité des sources d’approvisionnement » des associations et ainsi surestimer le lien entre aide alimentaire et gaspillage ;
  • 4. de ne pas reconnaître « l’économie circulaire vertueuse » dans laquelle s’inscrirait « le lien entre gaspillage et précarité alimentaire » ;
  • 5. de créer des clivages entre les structures.

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