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Étude

Création et marché de l’art : comment renouveler l’attractivité de la France ?

La France ne s’inscrit pas dans la croissance du marché de l’art mondial et subit un moindre rayonnement de ses créateurs à l’échelle internationale. Pour répondre à cette situation, cette étude de Terra Nova envisage de stimuler la création française en lui permettant de rayonner davantage sur le plan international et de s’efforcer de faciliter et dynamiser les acquisitions en France.

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La croissance spectaculaire du marché de l’art mondial depuis le début des années 2000 ne s’est pas réalisée à l’avantage de la France. Leader en 1945, notre pays est désormais en quatrième position pour le chiffre d’affaires des ventes publiques d’œuvres d’art. Ce recul se manifeste également à travers le moindre rayonnement de ses créateurs à l’échelle internationale.

Or dans la compétition que se livrent les grandes métropoles européennes, l’attractivité artistique joue un rôle important : rayonnement culturel, bénéfice économique, mais aussi dynamisme de la création et facilité de l’accès à l’art contemporain pour tous les publics. 

Le présent travail formule des propositions visant à corriger cette tendance négative, d’abord en stimulant la création française et en lui permettant de rayonner davantage sur le plan international.

La formation des artistes est un levier dans ce sens. Systématiser l’enseignement d’outils de gestion peut faciliter leur insertion sur le marché de l’art. L’accès à la très grande majorité des subventions suppose de connaître les mécanismes d’aide à l’échelle européenne et d’avoir un minimum de maîtrise de la comptabilité pour produire des états financiers. Par ailleurs, une préparation aux méthodologies de recherche et à l’échange avec des spécialistes d’autres disciplines peut aujourd’hui s’avérer aussi pertinente qu’une formation théorique en histoire de l’art. Enfin, si les dispositifs de soutien à la jeune création abondent, la seconde étape de la carrière d’un artiste est assez peu accompagnée. L’enjeu est d’assurer un suivi sur le long terme des artistes prometteurs, en y adjoignant un programme de mobilité ambitieux.

Par ailleurs, les mots clefs de la French Tech pourraient tout à fait s’appliquer à une nouvelle politique du marché de l’art :

• Fédérer : des « pôles de création » et des pépinières à l’image des incubateurs d’entreprises permettraient de mettre en relation les différents protagonistes du secteur ;

• Accélérer : la création d’un fonds de dotation public destiné à promouvoir la scène artistique nationale à l’étranger favoriserait la circulation et la diffusion des œuvres françaises ;

• Rayonner : amplifier les actions de chacun des acteurs à travers la mise en place d’outils communs (un ou deux événements internationaux pourraient voir les acteurs français se regrouper afin de bénéficier de relations publiques communes et, ainsi, de communiquer sur la présence française et ses spécificités).

La visibilité des artistes français à l’international serait également mieux servie si l’on inscrivait plus systématiquement l’internationalisation dans les missions des organismes publics et si l’on regroupait les actions de ces organismes sous un label plus facilement identifiable.

Si l’on veut corriger la tendance actuelle, il faut également s’efforcer de faciliter et dynamiser les acquisitions en France ; c’est le second axe du présent travail.

Pour cela, il propose une modification du régime juridique du droit de suite. Ce droit concerne les ventes d’œuvres d’art graphique et plastique originales dont le prix dépasse 750 euros, dans lesquelles intervient un professionnel du marché de l’art en tant qu’acheteur, vendeur ou intermédiaire. En vertu de ce droit, l’artiste, ou ses héritiers pendant 70 ans après sa mort, percevront un pourcentage dégressif du prix payé à chaque vente successive.

La loi française précisant que le droit de suite est payé par le vendeur, ce dernier perçoit une somme inférieure s’il vend à Paris plutôt qu’à New-York ou Hong Kong. Si sa suppression est peu envisageable, deux solutions se dessinent : soit limiter le droit de suite à la vie des auteurs, soit laisser la possibilité d’en imputer le paiement au vendeur ou à l’acheteur. C’est cette recommandation qui est ici privilégié a minima : le droit français serait alors aligné sur le droit britannique.

Mais le rayonnement artistique de Paris tient aussi à sa capacité à s’intégrer davantage à la mondialisation du marché de l’art. La France dispose déjà d’un leadership dans un certain nombre de spécialités de marché (photographie, arts décoratifs du XXe siècle, arts premiers africains et précolombiens…). Au-delà de la consolidation de ces spécialités, il peut être envisagé de capitaliser sur la FIAC et les autres foires parisiennes, d’aider les maisons de vente parisiennes à s’installer à l’étranger, de multiplier les événements communs des galeries parisiennes ou encore de créer un organisme de représentation réunissant les acteurs du marché de l’art et de l’industrie du luxe pour imaginer des événements croisés.

Par ailleurs, la culture de collection ne peut se réduire à l’image du collectionneur richissime parcourant les foires et galeries internationales. En France, 30 % des collectionneurs dépensent en moyenne moins de 5 000 euros pour une œuvre, 50 % moins de 10 000 euros.  Cette majorité mal connue s’intéresse au marché local et peut avoir un rôle décisif pour encourager de jeunes talents. Mais beaucoup de ceux qui possèdent un capital économique suffisant pour se lancer dans une telle démarche s’en tiennent encore à distance. Un effort de sensibilisation, grâce à un MOOC (Massive Open Online Courses) dédié à l’art contemporain, pourrait être proposé au public afin de délivrer à ceux qui le souhaitent à la fois une culture générale artistique et les clefs de compréhension de la vie artistique et de ses réseaux. De plus, une cartographie actualisée de la production des artistes vivants en France, à travers une plateforme online, aiderait à prendre la mesure de toute la diversité de la création sur le territoire.

Enfin, si la vente d’art en ligne représente une part encore confidentielle du marché mondial, ses prévisions de croissance annuelle sont extrêmement fortes pour les années à venir (entre 19 et 25 % par an au minimum). Pour Paris, il s’agit d’un moyen complémentaire pour s’insérer dans la dynamique internationale du marché de l’art. Des prêts à taux zéro pour permettre aux galeries de financer leur passage à Internet ou la création d’une instance professionnelle pour le marché de l’art en ligne dynamiserait ce segment du marché. 

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