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Note

Education : Nicolas Sarkozy en échec scolaire

Lors d’un meeting à Nantes le 27 mars, Nicolas Sarkozy a déclaré se fixer comme objectif prioritaire la lutte contre les difficultés scolaires à l’école primaire, en créant des « conseils de soutien scolaire » réunissant l’ensemble des acteurs pouvant venir en aide aux écoliers en grande difficulté. En formulant cette proposition, le candidat fait fi de dispositifs déjà existants, mais réduits à peau de chagrin depuis dix ans : la politique de réduction des moyens affectés à l’Education nationale a également touché la lutte contre l’échec scolaire. La proposition du candidat révèle aussi le choix idéologique de traiter les difficultés hors classe, alors même que les expériences concluantes en la matière appellent à les prendre en charge au sein même de la classe.

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Nicolas Sarkozy a annoncé le 27 mars dernier lors d’un discours à Nantes qu’il comptait donner la priorité à l’échec scolaire dans son programme pour l’éducation. Il a proposé de créer des « conseils de soutien » en école primaire, en relation avec les parents.

  Une fois encore, le candidat de l’UMP laisse de côté les dispositifs qui existent déjà et agit comme si sa majorité n’était pas responsable de l’organisation des rentrées scolaires depuis dix ans. 

1 – De nombreux dispositifs en faveur du soutien scolaire existent déjà

  Dans le domaine du soutien scolaire, les dispositifs ne manquent pas : Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté (RASED) dont le but est précisément de traiter les difficultés scolaires en primaire ; « aide personnalisée » pour les écoliers ; plan personnalisé pour un élève en difficulté en école primaire et en collège (PPRE) ; « accompagnement personnalisé » (AP) en lycée ; « Contrats locaux éducatifs » (CLE) qui réunissent associations, communes et établissements.  

La proposition de Nicolas Sarkozy soulève donc plusieurs questions : le président candidat compte-t-il réellement mettre en œuvre un nouveau dispositif, ou uniquement laisser croire aux parents que lui les écoute face à une Education nationale bouc émissaire des échecs de la politique scolaire de l’actuelle majorité ?   Car la stratégie du candidat consiste une nouvelle fois à opposer usagers de l’école et personnels. Ces derniers sont implicitement accusés d’abandonner les « familles » en difficulté, et plus seulement les élèves. « C’est une priorité. A chaque fois que l’école se portera au secours d’une famille en perdition, on aura bien travaillé pour la France du XXIe siècle », a ainsi déclaré Nicolas Sarkozy à Nantes. 

2 – Nicolas Sarkozy a malmené l’Education nationale depuis 2007 avec une vision idéologique inefficace

  Le candidat de l’UMP oublie cependant de mentionner que sa majorité a organisé le système éducatif ces dix dernières années avec un principe directeur : la réduction des moyens affectés à l’Education nationale.  

La part du budget du ministère dans le budget de l’Etat a chuté de 28 % à 21 % entre 2007 et 2010. La lutte contre l’échec scolaire n’a pas été épargnée par cette politique. Les RASED ont perdu près de 2 000 emplois depuis 2008, alors que leur but était précisément de traiter, par des enseignants spécialisés, les difficultés des écoliers.

Face à ce désengagement, les particuliers et les collectivités locales ont dû prendre le relais et assumer certaines dépenses éducatives, notamment pour les dispositifs d’aide non obligatoires, de soutien scolaire ou d’activités péri-éducatives. Les collectivités locales doivent ainsi prendre en charge les personnels AVS (auxiliaires de vie scolaire), la garde des enfants, les dispositifs d’aide mis en place dans les contrats ou les plans éducatifs locaux.  

Une situation qui a creusé les inégalités entre les écoles primaires où les dotations pédagogiques reflètent de plus en plus le profil social des élèves. Certaines études syndicales, notamment celles du SNUIPP en 2011, dénoncent des différences de dotation pédagogique entre écoliers allant de 1 à 10.  

La proposition de Nicolas Sarkozy révèle une fois encore sa vision idéologique de l’Education, qui vise avant tout à satisfaire les usagers de l’école. L’échec scolaire est quant à lui à nouveau présenté comme la conséquence de difficultés comportementales et de troubles personnels : il est naturalisé.  

Le candidat veut ainsi que des « spécialistes » soient présents dans ces « conseils de soutien ». Car la majorité cherche depuis dix ans à traiter de manière non-éducative les « difficultés » des enfants. Le rôle de l’école serait la détection précoce des « élèves à problème » et d’un « échec scolaire » considéré comme irréversible.  

Pour reprendre l’expression du ministre de l’Education nationale Luc Chatel dans Les Echos du 26 mars 2012,  l’objectif de l‘Education nationale est ainsi de « repérer le plus en amont possible les difficultés des élèves ».    

3 – Traiter la difficulté en classe et non en-dehors : le principal levier de la réussite pour tous

  Le principal levier de la réussite pour tous n’est pas de traiter les difficultés scolaires hors des classes mais à l’intérieur.  

Les modèles scolaires finlandais et canadiens, souvent cités en exemple par la droite, l’ont d’ailleurs bien compris : ils ne multiplient pas les dispositifs hors-classe qui présentent le triple inconvénient d’être coûteux, de ne pas régler les difficultés à l’intérieur des classes et d’être d’un recours socialement inégalitaire.  

Combattre l’échec scolaire en classe est ainsi le sens de la campagne des parents d’élèves de la FCPE contre les devoirs à la maison, qui peuvent aggraver les difficultés des élèves.  

La proposition du principal syndicat des enseignants du primaire, le SNUIPP, de créer un dispositif « plus d’enseignants que de classes » va dans le même sens. L’objectif est ainsi de développer le principe de la co-intervention pour aider les élèves dans l’enceinte même de la classe. 

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