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Revue de presse

Terra Nova veut prendre en compte l’origine sociale dans la sélection des étudiants à l’université

Le think tank propose cette solution pour corriger « les mécanismes inégalitaires ».
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Les mesures pourraient avoir un certain écho, à l’heure où le gouvernement planche sur la question de l’ouverture sociale dans les grandes écoles. Le think tank Terra Nova appelle à passer à la vitesse supérieure, dans une note publiée mercredi 2 octobre, intitulée « De nouvelles ambitions pour démocratiser l’enseignement supérieur ». Notre système de formation doit corriger « de manière radicale les mécanismes inégalitaires qu’actuellement, il renforce au lieu d’atténuer », défendent ses auteurs.

Le constat est connu : les enfants de cadres ont près de trois fois plus de chances d’accéder à l’enseignement supérieur que les enfantos d’ouvriers ; quatre fois plus de chances d’obtenir un diplôme de niveau bac + 5. La « stratification » est « de plus en plus marquée » entre les différentes filières, les jeunes issus des milieux défavorisés étant majoritairement présent dans les moins prestigieuses. « Parmi les pays développés, la France est le pays où la performance scolaire est la plus conditionnée par l’origine sociale et le capital culturel des familles », écrivent-ils, et ce, malgré la multiplication de dispositifs estampillés « égalité des chances ».

Au gré des 41 pages de la note, les auteurs s’arrêtent sur le moment du choix sur Parcoursup, la plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur, « le moment où tout converge, où se concrétisent toutes les inégalités et tous les phénomènes d’autocensure ». Le changement doit intervenir, selon eux, au cœur des processus de sélection. Pas seulement avec les quotas de boursiers mis en place à l’entrée des licences, classes prépas, BTS ou encore DUT et qu’ils espèrent voir étendus à une partie du secteur privé, comme les prépas des lycées sous contrat. Mais aussi grâce à ce qu’ils appellent une « contextualisation sociale » des candidatures.

Caractère miné
« L’origine sociale des candidats devrait systématiquement être prise en compte par les évaluateurs des dossiers », écrivent-ils. Eux-mêmes reconnaissent le caractère miné de la mesure : « Ceci remet en cause un axiome de notre système éducatif où traditionnellement, on évalue le mérite des étudiants de manière objective plutôt que les personnes », mais « si on veut avancer vers la démocratisation, on ne peut pas s’en tenir là : sans être nié, le mérite individuel doit être mis en perspective ».

« Aujourd’hui, les établissements peuvent avoir tendance à privilégier les dossiers venant de bonne famille, décrit l’un des auteurs, l’universitaire Martin Andler, en référence à la prise en compte du lycée d’origine ou à l’examen des lettres de motivation, qui peut jouer en faveur des jeunes de milieu favorisé. « Un effort doit être fait par ces commissions d’évaluation pour regarder aussi les obstacles qu’ils ont dû affronter pour être là où ils sont », défend-il, ce qui pourrait passer, de la même manière, par l’indicateur du lycée d’origine notamment.

Un nouveau procédé est envisagé pour dépasser l’autocensure, en suscitant des candidatures : celui de la « nomination » accompagnée si nécessaire de « places réservées dans certaines filières, y compris des filières d’excellence ». Les universités, les prépas, les grandes écoles iraient chercher l’étudiant, envisage Martin Andler, citant l’exemple des filles pour les sciences, ou celui des meilleurs boursiers, « en leur disant : ce cursus est pour vous et on souhaite vous y accueillir ». Avec, dans le prolongement, la nécessité de revoir en long et en large l’accueil des étudiants à l’université et sa pédagogie, afin de véritablement « prendre en compte le changement considérable de la population étudiante » intervenu ces dernières décennies.

Un changement de paradigme s’impose néanmoins bien plus tôt : un « parcours d’incitation et d’orientation » doit intervenir dès l’école primaire, jusqu’au baccalauréat. Un « véritable cursus parallèle au cursus scolaire », s’inspirant du programme britannique « AimHigher », qui nécessiterait un budget initial de 100 millions d’euros, évalue le think tank. Avec une large gamme d’actions à coordonner : de l’accompagnement individualisé au domicile à l’accueil dans les établissements d’enseignement supérieur jusqu’aux interventions dans les maisons de quartier, dès le primaire ; en passant par des formations à l’orientation, des séjours d’immersion dans les facs, ou encore des actions pour élargir l’horizon professionnel, auprès des collégiens et lycéens. Tout ce qui doit permettre d’« ouvrir le champ des possibles ».

Camille Stromboni

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