Livre blanc des femmes de ELLE – 20 mesures concrètes pour transformer la vie des femmes… et celle des hommes
Terra Nova a participé, aux côtés de Sciences Po, à l’élaboration du livre blanc sur les femmes du magazine ELLE. Ce livre blanc s’intitule « 20 propositions pour améliorer la vie des femmes… et des hommes ». Les travaux ont été réalisés sous la direction de Yolande Cohen, historienne et professeur à l’université du Québec à Montreal. Le document a été remis le vendredi 7 mai au Premier ministre, dans le cadre des Etats Généraux de la Femme organisés par ELLE. Réalisé sous la responsabilité de Yolande Cohen, historienne et professeure à l’Université du Québec à Montréal ; rapportrices/co-rédactrices : Karine Martin, consultante en stratégie et transformation et Céline Mas, entrepreneure, spécialiste en stratégies de communication ; membres du groupe de travail : Valérie Aveline, DRH au sein d’une grande entreprise, Armelle Le Bras-Chopard, professeure de sciences politiques à l’Université de Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines, Virginie Martin, professeure chercheure à Euromed Management, et Mariette Sineau, directrice de recherche au CNRS et au Centre de Recherches Politiques de Sciences Po.
En 1970, le magazine ELLE tenait les premiers « Etats généraux de la femme ». En 2010, ELLE réédite l’expérience et fait la tournée des régions françaises pour examiner la condition des femmes d’aujourd’hui au travers de leurs témoignages. Le livre blanc est le résultat de cette enquête, enrichi des propositions de chercheuses et de femmes cadres d’entreprise. Il s’adresse aux pouvoirs publics et aux entreprises.
Depuis 40 ans, la condition des femmes a beaucoup évolué. Où en sommes-nous en 2010 ? Y a-t-il eu amélioration de la vie des femmes et de celle des hommes?
D’un point de vue législatif, les femmes ont obtenu le contrôle de la procréation avec la loi dépénalisant l’IVG (1974), et celle assurant la gratuité de la pilule contraceptive (1974), mais aussi, cette même année, la mixité de tous les lieux d’enseignement assortie de la mixité des recrutements dans la fonction publique. L’ensemble des professions leur est désormais accessible avec la levée, par décret et en 1998, des quotas qui limitaient leur accès dans les métiers de la police et dans les armées. Des lois, souvent réitérées !, ont également été votées pour assurer l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes sur le marché du travail.
Néanmoins, les inégalités entre les femmes et les hommes perdurent. Si la part des femmes sur le marché du travail avoisine désormais celle des hommes, 80% des salarié-e-s dont le salaire n’atteint pas le SMIC sont des femmes, parce qu’elles travaillent à temps partiel.
Par ailleurs, les femmes continuent d’être renvoyées prioritairement à leurs devoirs d’épouse et de mère, quand les espaces « publics » sont d’emblée acquis aux hommes. Et ce renvoi à la famille se dit aussi en termes d’inégalité dans le partage des tâches domestiques et parentales, que les hommes ne « partagent » qu’à hauteur de 20% en moyenne. De fait, les stéréotypes restent prégnants, empêchant une réelle égalité entre les filles et les garçons et entre les femmes et les hommes. Chaque sexe reste marqué par des caractéristiques relevant du « masculin » et du « féminin », ces qualités différenciées qui, depuis toujours, autorisent la domination masculine.
Rappelons à ce stade que, malgré les progrès accomplis ces 40 dernières années, la France n’est qu’au 13ème rang de l’Union Européenne pour le taux d’emploi des femmes et au 65ème rang mondial pour la proportion de femmes députées.
Ce sont donc les questions de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, de partage des tâches d’entretien et d’éducation des enfants identifiées au care (sollicitude), les questions de l’éducation et de formation pour lutter contre la reproduction des stéréotypes associés au féminin et au masculin, et enfin les questions de parité en politique qui ont retenu l’attention des participantes aux États généraux, et qui feront l’objet des recommandations prioritairement traitées dans ce Livre Blanc.
Plus d’égalité entre femmes et hommes bénéficierait à l’ensemble de la société (et pas seulement aux femmes). Plus d’égalité entre les femmes et les hommes contribuerait à réduire les inégalités sociales, qui apparaissent aujourd’hui comme responsables du mécontentement et du malaise profond en France aujourd’hui. Ainsi, le combat pour l’égalité ne doit pas être un combat de femmes pour les femmes mais bien un combat mené par les femmes et les hommes pour transformer la vie de tous, pour réduire les inégalités sociales, fléau de nos sociétés modernes.
Il est nécessaire d’encourager des mesures concrètes, en puisant dans les expériences étrangères. Parmi les 20 propositions présentées ici pour transformer la vie des femmes et des hommes, certaines sont connues et appliquées ailleurs, tandis que d’autres doivent faire l’objet d’une promotion toujours renouvelée. Elles s’organisent autour de trois axes majeurs : favoriser la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale ; mener de front le combat de l’image pour faire changer les représentations en profondeur ; faire de l’égalité politique une réalité.