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Note

Promotion de la diversité versus droit anti-discrimination? L’émergence d’un nouveau modèle d’intégration

Les politiques dites de « discrimination positive » sont aujourd’hui sous le feu des critiques en France. Présentées tour à tour comme encourageant la concurrence victimaire et la surenchère « ethnicisante », ou comme une menace communautariste, on brandit à leur encontre un modèle « Républicain » théorique. Selon Mehdi Thomas Allal, juriste et coordinateur du pôle « immigration, intégration, lutte contre les discriminations » de Terra Nova, ce débat est à revoir : l’étude approfondie des expériences étrangères et l’expérimentation précise des politiques préférentielles doivent pouvoir, dans un contexte pacifié, permettre la valorisation de l’apport de groupes minoritaires à la société française.

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Les politiques de discrimination positive sont dénoncées aujourd’hui comme un ferment de discorde nationale. Le modèle anglo-saxon est trop souvent caricaturé comme étant inapplicable dans un pays de tradition républicaine comme la France… Pourtant, si les plus hautes juridictions ont invalidé le critère de la race ou de l’origine ethnique comme fondement des traitements préférentiels, la diversité culturelle est aussi souvent présentée comme un atout, notamment au niveau territorial, dans la compétition internationale qui se joue entre les entreprises, mais également entre les autorités locales.

Il y a donc urgence à expertiser et aussi à puiser ce qu’il y a d’utile dans les expériences anglaise, américaine, canadienne ou encore australienne. La recherche d’accommodements raisonnables, notamment entre le principe de laïcité et la manifestation des opinions religieuses, ne fait que commencer et pourra ainsi inspirer utilement aussi bien les juges que les sociologues ou les travailleurs sociaux. Ces accommodements doivent cependant découler plutôt de la juxtaposition complexe des identités telle qu’elle se caractérise dans les sociétés démocratiques, que de la surenchère victimaire des groupes minoritaires ou de l’imposition d’une identité « nationale » monolithique.

Dans un contexte complexe où la reconnaissance de « droits à la différence » fait débat et traverse dans une certaine mesure les clivages politiques, qu’il s’agisse de comportements vestimentaires ou maintenant alimentaires avec les fast-foods hallal, une approche pacifiée et méthodique est nécessaire. Sur certains points, du reste, ces questions font débat au sein même de la famille progressiste, comme on l’a vu sur les statistiques dites « ethniques ». Loin du débat purement idéologique et instrumentalisé sur l’identité nationale, une évaluation des résultats de ces traitements préférentiels est en tout état de cause nécessaire. Les premiers intéressés sont d’ailleurs les publics cibles eux-mêmes, dont la méfiance vis-à-vis des politiques d’action positive n’a parfois d’égale que la crainte de subir encore et toujours des discriminations dans le monde du travail ou à l’entrée des concours de la fonction publique. Seule une approche neutre et pacifiée de l’efficacité de ce type de mesures pourra donc permettre de redonner confiance à certains habitants des quartiers défavorisés, tout en permettant de faire bénéficier à leur entourage des effets de réseau que ces mesures sont susceptibles d’engendrer.

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