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Note

Supprimer le mot « race » de notre ordre juridique

François Hollande a introduit samedi 10 mars le rassemblement des ultramarins par l’annonce symbolique de la suppression du mot « race » de la Constitution. Le recours à ce mot dans notre droit, même s’il a pour objet de prohiber les discriminations entre les êtres humains, est une forme de validation et de légitimation de l’existence de « races humaines ». Dans cette note, Béligh Nabli montre pourquoi il convient de supprimer ce terme de notre ordre juridique, au nom de la science, de la rigueur intellectuelle et de l’idéal républicain.
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Après un quinquennat marqué par la division, la stigmatisation et l’injustice, la volonté de renouer avec l’idéal républicain passe par un acte symbolique fort : la suppression du mot « race » de notre ordre juridique.  

Les conceptions de l’humanité fondées sur la notion de « race » ont servi de support aux discours et idéologies racialistes à l’origine d’actes discriminatoires, voire criminels. Pourtant, l’idée de classification/hiérarchisation des hommes sur la base d’un critère biologique ou génétique a été invalidée et désavouée par les travaux scientifiques : il existe une seule et même espèce humaine, pas de « races humaines ». D’un point de vue génétique, dans le patrimoine d’une personne, la couleur de la peau a autant d’importance que la couleur des cheveux ou des yeux. Cette vérité scientifique vient conforter notre philosophie universaliste et républicaine qui vise depuis 1789 à nier le concept même de différence biologique ou naturelle.  

Or, nombre de nos concitoyens ignorent le non-sens de la notion de « race ». Une situation de fait confortée par une situation juridique : le législateur comme le constituant n’ont pas tiré les leçons de l’histoire et de la science. Certes, les diverses références à la « race » ont aujourd’hui pour objet de prohiber les discriminations entre les êtres humains. Il n’empêche, le recours à cette notion est une forme de validation et de légitimation tacite de l’existence de « races humaines », expression scientifiquement infondée et moralement condamnable (sauf si elle est appliquée au monde animal). Cette situation juridique est une anomalie qui continue à faire tache au sein de notre propre Etat de droit. Il convient d’y remédier au nom de la science, de la rigueur intellectuelle et de la philosophie universaliste qui anime l’idéal républicain.  

Il ne s’agit ni de censurer la langue française en interdisant le mot « race », ni de créer un quelconque vide juridique qui risquerait d’affaiblir notre arsenal répressif contre les actes racistes. Afin d’éviter cet écueil, il est possible de remplacer dans notre législation (ordinaire) les adjectifs dérivés du mot « race » (« racial », « raciale », « raciales », « raciaux », etc.) par l’adjectif « ethnique ». Au niveau constitutionnel, si le mot race est également présent, il n’est ni nécessaire, ni irremplaçable.

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