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Note

Une « Fondation Quartiers » pour favoriser l’activité dans les banlieues populaires

Les difficultés des quartiers populaires concernent toute la société française. Comment encourager le développement des nombreux projets qui émergent pourtant dans ces quartiers ? Cette note s’engage pour une « Fondation Quartiers ». Rédigée collectivement par des acteurs de terrain, des responsables impliqués en faveur du développement des quartiers et de l’égalité des chances, ce travail fait suite au lancement d’un Appel en faveur d’une Fondation des Quartiers en février 2013.

Publié le 

Dix millions de citoyens français résident dans les quartiers qui bénéficient de la politique de la ville ; dans les quartiers en Zones urbaines sensibles (ZUS) près de 45 % de jeunes hommes âgés entre 15 et 24 ans n’ont pas d’emploi, contre 23 % hors ZUS. 36 % de la population y vit en dessous du seuil de pauvreté.

Les quartiers populaires de banlieue sont l’épicentre de la crise économique, sociale et politique qui frappe la France depuis trente ans. Ils sont marginalisés depuis la transformation du système productif qui les plaçait auparavant en son cœur. Ils sont le théâtre exacerbé des tensions sociales et du mal-être identitaire qui traversent l’ensemble de la société française. Ils disent les doutes, les hésitations et les déstabilisations multiples qui affectent la société française depuis la fin des Trente Glorieuses.

Depuis lors, par la politique de la ville, l’Etat a tenté de limiter les dégâts de ces crises, sans parvenir à y remédier de manière substantielle et durable, faute d’esquisser un modèle de substitution qui redonnerait une place à ces quartiers.

Malgré la mobilisation des organismes spécialisés (fondations et clubs d’entreprises, structures d’accompagnement, opérateurs publics…) et des acteurs de terrain, les besoins dépassent très largement les ressources actuellement disponibles. En outre, les dispositifs s’avèrent souvent peu articulés les uns aux autres, limitant l’effet de levier et l’impact systémique des mesures et des programmes mis en œuvre. De plus, les aides publiques au développement économique de ces quartiers sont très inférieures à celles qui soutiennent l’activité dans le reste du territoire. Les dispositifs les plus massifs concernent la rénovation urbaine et les transferts sociaux (aides sociales) mais ces aides et programmes ne sont pas liés aux projets de développement économique portés par les habitants.

Les dispositifs d’accompagnement à l’activité, notamment ceux issus de la société civile, sont pourtant nombreux, et parfois anciens. Ils ne parviennent toutefois à répondre qu’à une fraction de la demande de soutien à la création et au développement d’activités économiques. Comme l’atteste un rapport réalisé récemment par Presse & Cité sur ce sujet, il manque une structure qui soit l’interface entre l’offre de financement provenant d’acteurs privés, voire de particuliers (fondations d’entreprises, mécènes…), et la demande de financement émanant de ces quartiers.

Une « Fondation quartiers » pourrait jouer ce rôle. Elle aurait pour vocation de drainer l’offre de financements, de sélectionner les projets pertinents et de faciliter leur accompagnement ; autrement dit, de faire œuvre d’intermédiation stratégique entre apporteurs de capitaux, structures d’accompagnement et porteurs de projets.

Cette Fondation ne se substituerait pas aux acteurs existants, et devrait même intégrer leurs compétences et leur expérience à sa propre activité. Sa spécificité serait de soutenir uniquement les projets oeuvrant sur les territoires en politique de la ville, ayant un impact économique et social pour ces territoires, et qui soient en phase de développement et non d’amorçage ainsi que d’être administrée majoritairement par des acteurs issus des quartiers en politique de la ville (en équilibre avec les acteurs publics et privés, par ailleurs). Cette structure serait accueillie par une fondation abritante, afin d’être rapidement opérationnelle et de mener des levées de fonds dès 2014.

Né du constat de l’insuffisance et de l’inadaptation partielle des dispositifs actuellement proposés pour assurer la croissance durable des quartiers populaires, tant sur le plan économique que social, le projet de « Fondation des Quartiers » ne s’inscrit pas dans une perspective de réparation, mais de développement. Ainsi ne vise-t-il à panser les plaies de territoires meurtris par la crise, mais à leur donner la possibilité d’émerger pour prendre place dans la France de demain.

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