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Série « Coronavirus »

L’Europe sortira-t-elle renforcée politiquement de la pandémie ? Un premier bilan de la stratégie de vaccination

Confrontée à une crise inédite, l’Union européenne a dû apprendre dans l’urgence à développer des actions communes dans un domaine, la santé, qui ne relevait pas de ses compétences. La vaccination a été au cœur de ses préoccupations. Un peu plus de six mois après les premières autorisations de l’agence européenne des médicaments (EMA), l’heure d’un premier bilan a sonné. Anne Bucher et Fabio Colasanti, tous deux anciens directeurs généraux à la Commission européenne, reviennent ici précisément sur les succès, les difficultés et les échecs de l’Union en matière vaccinale.
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Cette publication fait partie de Série « Coronavirus »

Confrontée à une crise inédite, l’Union européenne a dû apprendre dans l’urgence à développer des actions communes dans un domaine, la santé, qui ne relevait pas de ses compétences. La vaccination a été au cœur de ses préoccupations. Un peu plus de six mois après les premières autorisations de l’agence européenne des médicaments (EMA), l’heure d’un premier bilan a sonné. Anne Bucher et Fabio Colasanti, tous deux anciens directeurs généraux à la Commission européenne, reviennent ici précisément sur les succès, les difficultés et les échecs de l’Union en matière vaccinale.
Plusieurs risques devaient être surmontés : l’inaction et la division si chaque Etat-membre européen menait sa propre stratégie dans son coin, ce qui aurait placé les laboratoires pharmaceutiques en position de force dans la négociation avec les États. L’égoïsme et l’inefficacité si un retard dans les décisions et les initiatives aboutissaient à des niveaux de protection trop hétérogènes. Enfin, le nationalisme vaccinal et l’indifférence à la dimension mondiale de la pandémie si l’on ne se préoccupait pas de solidarité avec les autres continents. 
L’UE a donc affirmé des choix montrant qu’elle pouvait agir, favoriser des décisions communes, mutualiser et financer les achats de vaccins (2,6 milliards de doses), définir des règles équitables de répartition tout en faisant preuve de solidarité avec le reste du monde. Avec un taux de vaccination de la population européenne proche de 30 %, l’Europe n’est pas en tête de peloton mais elle est largement devant des pays comme le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Chine, l’Inde, la Russie… et désormais bien placée dans une course de fond qui va durer encore de longs mois. 
De nombreuses difficultés ont néanmoins surgi depuis le printemps 2020. D’autant plus que les stratégies vaccinales non-coopératives britanniques et américaines, dans un effort désespéré pour faire oublier leur désastreuse gestion de la première phase de l’épidémie, ont donné l’impression d’une course de vitesse qui laissait les Européens à distance. D’où venaient ces difficultés et comment ont-elles été surmontées ? Pour donner une vision synthétique de la stratégie vaccinale européenne, cette note en retrace les principales étapes.
Il faut en effet repartir de la procédure de pré-achats et d’achats des vaccins pour reprendre point par point les polémiques des derniers mois : l’Europe a-t-elle été trop lente ? A-t-elle péché par inexpérience ? A-t-elle acheté les bons vaccins en bonne quantité ? S’est-elle fourvoyée dans une négociation ciblée sur les prix ? Le dossier AstraZeneca se trouve inévitablement au croisement de ces interrogations. De gravité variable, les contretemps rencontrés par ce vaccin ont sérieusement compliqué la tâche des Européens et ralenti leurs campagnes de vaccination. Ils ont également créé de fortes tensions diplomatiques avec le Royaume-Uni et des contentieux avec l’entreprise contre laquelle des poursuites judiciaires ont été déclenchées. Production insuffisante, défaillance des livraisons, retards, effets secondaires : la succession des mauvaises nouvelles a jeté le doute dans une population européenne en demande de certitudes sur les vaccins. Mais à qui la faute ?  
Au final, si les partenaires européens ont évité de se déchirer au sujet des vaccins, de nombreuses leçons restent à tirer pour les institutions européennes. La naissance de l’agence HERA (Health Emergency Response Authority) montre un début de réponse, une manière d’européaniser la compétence santé sans priver les Etats membres de leurs prérogatives. Si le retour de faveur de l’action multilatérale se poursuit aux Etats-Unis, on peut espérer que les démarches européennes au profit d’une action internationale d’accès universel au vaccin soit confortée. Dans ce cas, la solidarité européenne aura montré la voie d’une stratégie de vaccination collective, inclusive et mondiale. 

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