Quelle réponse numérique à la crise du Covid-19 ?
Si la crise sanitaire a transformé le numérique en un élément fondamental de continuité sociale, économique et administrative, en très peu de temps, avec un bond en avant des usages technologiques, elle dévoile également beaucoup de nos faiblesses, dans la continuité de services, et exacerbe les conséquences des inégalités d’accès au numérique : elle nous a permis de prendre la pleine mesure de ces problèmes et de réfléchir à comment les résoudre. Enfin et surtout, le numérique a un rôle essentiel dans la politique sanitaire contre le Covid-19. Il est un outil précieux pour mettre à l’échelle des pratiques de sécurité sanitaire établies et permettra des stratégies d’endiguement et d’atténuation qui seraient impossibles sans la réactivité permise par les technologies modernes. Nous avons la conviction qu’il faut absolument s’appuyer dessus en distinguant trois dispositifs, que nous présentons dans cette note : les dispositifs d’analyse, les dispositifs de « counseling » et les dispositifs de contrôle.
Le numérique doit faire partie des outils de sortie de crise, mais pas à n’importe quel prix. Une institution indépendante doit fixer le cadre et contrôler ces applications numériques et les algorithmes à l’œuvre. Il s’agit là d’une condition indispensable afin que les Français puissent avoir confiance dans ces applications, et y aient recours massivement. Puisqu’il n’est pas question ici d’imposer leur usage à qui que ce soit, leur efficacité est directement liée à une utilisation massive, et donc, au niveau de confiance qu’accorde la population à ces armes à disposition de tous. Les dispositifs de « backtracking » peuvent s’avérer précieux si le confinement doit être levé progressivement avant l’enrayement de l’épidémie. Nous avons calculé que, en cas d’échec à endiguer complètement l’épidémie, l’adoption d’une telle application par 25% des Français pourrait permettre d’éviter jusqu’à plus de la moitié des cas et des décès.