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Revue de presse

Télétravail : pour Terra Nova, nous n’avons « pas su tirer les enseignements du premier confinement »
France Inter

Le think tank Terra Nova dénonce le recul du télétravail en France, pendant le second confinement, et fait des propositions pour développer le travail à distance dans de meilleures conditions.
Publié le 

L’entretien de Martin Richer, responsable du pôle entreprises, travail, emploi de Terra Nova dans le 7/9 de France Inter du 20 novembre  à écouter ici 

Pendant ce deuxième confinement, seuls 1,8 million de Français travaillent depuis chez eux. Au mois de mars, ils était cinq millions, selon la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques). Pourtant, selon le ministère du Travail, près de 8 millions d’emplois sont compatibles avec le télétravail. Un chiffre d’ailleurs largement sous-estimé, selon le think tank Terra Nova, qui appelle ce jeudi à « déconfiner le travail à distance ».  

« L’Etat et les entreprises n’ont pas su tirer les enseignements du premier confinement pour installer les conditions d’un travail à distance serein et efficace,  dénonce Martin Richer, responsable du pôle Entreprise, Travail et Emploi de Terra Nova. Nous en payons le prix aujourd’hui : le second confinement se heurte à une mobilité des Français qui reste élevée, beaucoup plus élevée en tout cas qu’en mars et avril derniers. »

Le télétravail est le meilleur compromis entre impératif sanitaire et maintien de l’activité économique. 

Selon lui, non seulement le télétravail est « un moyen d’endiguer plus encore le flux des contaminations de Covid-19 et d’accélérer le retour à une période moins contraignante », mais il est sans doute « le meilleur compromis entre impératif sanitaire et maintien de l’activité économique ». 

Faire plus, mais mieux : les propositions de Terra Nova

Il n’est pas trop tard, nous rassure le think tank. « Même si ce second confinement devait s’interrompre dans le mois qui vient, il serait certainement utile de maintenir plus longtemps en télétravail un maximum de salariés de façon à éviter une troisième vague », estime Martin Richer, la distribution d’un vaccin risquant de se faire attendre encore au moins quelques mois. 

– Le télétravail obligatoire

Le protocole sanitaire « ne fait jamais mention d’une obligation de placer les salariés en télétravail lorsque la nature des tâches le permet et bon nombre de directions d’entreprise ont fait savoir qu’elles considèrent cette demande comme une simple recommandation »

Martin Richer estime ainsi que « les organisations patronales n’ont pas vraiment voulu jouer le jeu » : à plusieurs reprises depuis le premier confinement, "le Medef a fait savoir qu’il était d’accord pour négocier sur le télétravail à condition que l’accord n’ait aucun caractère prescriptif et normatif."

Terra Nova recommande ainsi d’inscrire « clairement dans le protocole sanitaire que toutes les tâches qui peuvent être télétravaillées doivent l’être durant la période de confinement et qu’il est de la responsabilité des chefs d’entreprise de s’en assurer, au titre de leurs obligations de santé et sécurité au travail. »

– Identifier les freins au télétravail

Les obstacles au télétravail peuvent être de natures très différentes : informatique, nécessité d’un contact physique avec un client, avec un équipement, nécessité d’un contrôle sur place, etc. 

Terra Nova estime qu’il faut demander aux entreprises d’identifier ces obstacles et tenter d’y apporter des solutions, quitte à se poser la question d’un changement d’organisation. « Si on continue à considérer que tel ou tel métier est  »télétravaillable" ou non, on s’interdit tout progrès d’extension du travail à distance et on risque de pérenniser l’opposition entre cols bleus et cols blancs", défend Martin Richer. 

Comment ? Le responsable du pôle Entreprise, Travail et Emploi de Terra Nova estime qu’il faut décomposer un travail en tâches ou en activité : « Une assistante de direction peut effectuer une forte partie de ses tâches à distance. A-t-on vraiment besoin de sa présence physique constante ? Ou peut-on lui reconnaître la possibilité d’effectuer une partie de ses tâches d’organisation, de mise en forme de documents, de préparation de réunions à distance ? »

– Et si les salariés sont réticents ? 

Selon le sondage CFDT-Kantar d’avril 2020, les télétravailleurs du premier confinement sont 80% à estimer que le télétravail se passe pour eux « dans des conditions satisfaisantes ». Quid des autres ? 

« Les enquêtes montrent que la minorité de travailleurs qui a mal vécu le télétravail a été confrontée à un manque de compétences numériques,  avance Martin Richer. Il faut donc ici veiller à ce que les plans de formation des entreprises tiennent compte du fait que la démocratisation du télétravail passe par la réduction de la fracture numérique, qui existe aussi au sein des entreprises. »

– Investir dans le numérique

Sur cette question informatique, le Think Tank enjoint les entreprises à investir dans des outils numériques permettant d’augmenter la part des tâches « télétravaillables ». 

Le travail à distance, source d’isolement et de risques psychosociaux ? 

« Ces risques sont réels aussi en présentiel,  rappelle le think tank. Il est cependant faux de prétendre que les relations sociales sont pauvres en distanciel ; elles sont différentes et elles s’hybrident avec celles entretenues en présentiel. »

Pour éviter ces risques, Terra Nova propose d’aider les managers à partager de bonnes pratiques d’accompagnement du travail à distance. « Les managers ont fait un réel effort d’adaptation lors du premier confinement et développé des ressources d’inventivité pour créer des moments de convivialité en distanciel », note-t-il.

Les managers ont parfois besoin d’être en contact direct avec les collaborateurs

En réalité, selon plusieurs études, « dans l’ensemble, les managers se félicitent des bienfaits du travail à distance sur la confiance dans les relations de travail », relève Terra Nova. Et si ce n’est pas le cas ? « Identifier les managers qui n’ont pas réussi à passer d’un management de contrôle à un management d’accompagnement professionnel et déclencher les mesures adéquates de repositionnement ou de formation ».

C’est la culture du présentéisme qui est encore aujourd’hui en France le frein principal à l’extension du télétravail 

« En dehors d’une minorité, l’expérience du travail à distance lors du premier confinement a fait reculer la culture du présentéisme et du  »command & control", si longtemps dominante dans notre pays. C’est cette culture qui est encore aujourd’hui en France le frein principal à l’extension du télétravail et qui nous prive de surcroît d’un instrument particulièrement précieux dans la lutte contre la pandémie."

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